Le Festin des Anges

Le printemps était revenu, les arbres feuillus, la couleur verte dominait et la valse des tondeuses à gazons confirmait le début de saison. Il n'avait pas eu le temps de s'en apercevoir, tout s'était passé très vite. Les bourgeons étaient devenus feuilles en 3 jours, les fleurs avaient éclos, le pollen volait à tous vents, les parfums explosaient et les jupes avaient sérieusement raccourcies. Comme dans un théâtre, le temps d'un entracte, le décor était tombé, la neige n'était plus qu'un souvenir.

Assis sur sa terrasse, Gabriel contemplait son barbecue.
" Voilà le symbole de ma réussite." se disait-il tout bas.

Durant des années, il s'était donné à fond, il avait sué, sacrifiant souvent sa vie de famille, pour leur offrir le meilleur. C'était comme plongeur qu'il avait débuté dans le métier, puis il passa serveur, chef de table, maître d'hôtel et enfin directeur. Il en avait planté des couteaux pour arriver jusque là, mais il était satisfait, il dirigeait, contrôlait, dominait.

Une petite brise caressa sa joue, il ferma les yeux de bonheur et s'enfonça un peu plus profondément dans le rembourrage de sa chaise longue. Les morceaux de viande chantaient sur la grille, la sauce bouillonnait à feu doux. Le barbecue valait dans les 1500 dollars, le meilleur du marché: couvercle, thermomètre, placard à bouteille de gaz d'un côté, rangement pour les sauces de l'autre; il s'était offert le plus cher du magasin pour cette occasion exceptionnelle.

Deux mois auparavant, il avait décidé de rattraper un peu le temps perdu. Un déjeuner avec sa femme et ses deux enfants. Il ne se souvenait même plus de quand datait leur dernière rencontre familiale. Enfin, il pouvait savourer l'instant.

Il dressa la table, déposa délicatement ses ustensiles souillés, s'assied, plongea sa main dans le bac remplit de glace et piocha une bière.

D'un seul coup, il entendit une porte claquer, des chaises se renverser et des pas de course se rapprocher de lui.

"POLICE! ne bougez plus"

Il ne bougea pas et contempla alors une dernière fois le tableau champêtre avec au premier plan, trois corps morcelés, décharnés, éventrés.

3 commentaires:

  1. Je précise qu'il s'agit d'une fiction.

    Ludo

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  2. Non ! pas possible ! une petite nouvelle "interessante" ! qui m'a fait rire à la 2e lecture... !

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  3. salut ! le site du capitaine et de son mousse ets :
    http://www.canal-elisabeth.fr

    mais on n'a pas prévu d'aller traverser l'atlantique.... pas encore ... !

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