Le Saint Dit Quoi?

Il est loin le temps où à chaque instant je remarquais les détails du quotidien qui troublaient mes habitudes d'Européen, voir d'Angevin. Les poteaux électriques en bois, la hauteur d'eau dans les toilettes, le goût du chewing-gum, les magasins qui ferment à 17h00 le week-end, le prix d'un acte de naissance, les cabines téléphoniques pour automobile, les pourboires, l'aspect des légumes, la file d'attente ordonnée de l'autobus, le chronomètre pour traverser la route, tout cela fait désormais parti de l'habitude.

A présent, la simple vue d'une chaussette Décathlon ou bien le son caractéristique de l'accent français, affole mes synapses et m'indique clairement que je me dirige vers l'assimilation. Mon point de vue se déplace doucement, mes repères s'inversent. Plusieurs personnes m'ont d'ailleurs confirmé ma déviance linguistique au cours de récents appels téléphoniques, signe avant coureur d'une intégration déjà bien entamée.

C'est durant ma dernière formation syndicale que je fus troublé à la découverte de ce fabuleux T-shirt qu'arborait fièrement mon camarade de gauche. Les effluves anisées, inhabituelles pour moi à cette heure matinale avaient guidé mon regard vers ce personnage stéréotypé. Trois jours durant, j'ai partagé, avec des locaux authentiques, les notions de base du rôle d'un délégué syndical. Je ne voudrais pas alimenter le cliché selon lequel le syndicalisme ne peut se séparer du vice de l'alcool. La formation fut sobre et intense, même si la brasserie du déjeuner agrémentait formidablement ce voyage au cœur de la culture québécoise.

Demain je vais retrouver mon quotidien, les livres, les usagers et je finirai par un petit détour à la brasserie "la Québécoise", savourer la défaite magistrale de l'équipe de Hockey Montréalaise, à la coupe Stanley. Aller les boys, on part en vacance!

Made in Québec!



Nettoie tes cages à miel et laisse toi envahir par la chanson francophone québécoise.

Voici une sélection de mon cru, où sont exclus les "Céline Fion", "Garou" et autres abominations musicales sans saveurs; les formations plus "Underground" comme "le Fruit" ou "Kodiak" dont je ne possède pas de fichier mp3, et enfin ceux qui mériteraient une place de choix pour un Québécois mais qui ne me séduisent pas assez comme "J-P Ferland", "Robert Charlebois", "Vilain Pingouin" ou les chansons à répondre de la "famille Larin". Sont également mis de côté, malheureusement, tous ceux qui franchisent les limites de ma connaissance.

Il est fortement probable que la plupart des auditeurs ne comprendront rien à la lettre, c'est normal, c'est le décalage culturel. J'ai moi-même encore quelques difficultés avec de petites subtilités qui m'échappe, malgré une pratique assidue de cette langue depuis mon arrivée, il y a déjà 10 mois.

J'ai pimenté cette liste en y glissant un intrus que vous serez peut-être capable de démasquer. De qui s'agit-il?

Le "marronnier" de l'érable

Si l'on habite au Québec, on entend, on voit, goûte le sirop d'érable, c'est un produit local symbolique car 75% de la production mondiale provient de cette province.

Pour faire du sirop, il faut d'abord récupérer l'eau d'érable, qui est en fait la sève brute de l'arbre. Les acériculteurs entaillent chaque arbre avec une sorte de cannelle permettant à la sève de s'écouler dans une chaudière. Cette technique artisanale, qui daterait de l'époque amérindienne, est plus rare aujourd'hui. Désormais, les érables sont perfusés avec des tuyaux reliés entre-eux jusqu'à un gros réservoir. Le dur labeur de récupération de chaque chaudière est ainsi évité et le rendement optimisé.

La récolte se déroule en avril, au moment où la température nocturne est négative et celle du jour au dessus de 0°C. Au printemps, l'arbre produit plus de sève pour développer ses bourgeons, mais d'une année à l'autre, le rendement varie.

Pour obtenir un litre de précieux sirop d'érable, l'acériculteur fait bouillir entre 35 et 40 litres de sève brute en évaporant une quantité précise d'eau. C'est un chimiste qui doit jouer avec le thermomètre et l'hydromètre pour que le sucre contenu dans l'eau d'érable se transforme en sirop et ne se cristallise pas.

Pour ma part, je mange peu de ce sirop; d'abord parce qu'il est cher, dû aux 4 dernières années de mauvais rendement et ensuite, parce que je ne sais pas trop comment l'utiliser.

Le Cas Nular!

Pas de grand thème majeur à développer pour cette fois. Juste un petit arrêt sur la journée de congé d'aujourd'hui, 1er avril, la journée de la blague. Pour moi, il s'agit de mon week-end, puisse que le dimanche, au grand dam de Monseigneur Turcotte, je travaille.

Au lever, rien ne laissait présager que la pluie accompagnerait les poissons d'avril, mais elle a vite apparu, comme pour nous décourager de sortir du cosy chez soi. Depuis quelques jours, la température stagne au dessus de 0°C, la neige a totalement disparu et l'on retrouve les belles odeurs du printemps et les moins bonnes aussi, comme celle de la mouffette.

Pas mal en forme après l'absorption d'un petit déjeuner copieux, communément appelé "déjeuner" ici, je me décide à affronter le mauvais temps et à braver l'arrogance des automobilistes montréalais. Seule mission au programme de la journée, récupérer des informations aux archives de la ville de Montréal.

Participant actuellement à l'élaboration d'un dossier syndical "Top Secret", j'avais tout préparé méticuleusement, afin que rien ne vienne faire obstacle à mon enquête. L'objectif est simple, récupérer le budget total de la ville de Montréal de 1999 à 1989. J'ai précédemment téléphoné et on m'a confirmé que je trouverais ces informations au bureau R108 de l'Hôtel de Ville, ouvert de 8h30 à 16h30.

Vers 14h00, je franchis la porte du magnifique bâtiment. Le marbre, le plafond, les boiseries et dorures, tout est à la hauteur du prestige que peut représenter une mairie de grande ville. L'agent de sécurité est sympathique, le second également et enfin derrière la porte apparaît l'archiviste, affairé à servir des vieilles dames qui doivent faire des recherches généalogiques. Notre homme est seul pour servir les quatres âmes venues se perdre ici ; je lui fais signe que je ne suis pas pressé, car notre affaire devrait être vite réglée.

Et non! Quinze minutes plus tard, c'est mon tour et je lui fais part de ma requête toute bête: je désire avoir le budget de la Ville de 1989 à 1999, c'est facile, chaque année la ville fait un catalogue qui s'appelle budget. Le type, très professionnel, commence alors ses recherches sur un ordinateur; je le laisse tranquille car à ce moment là, je ne sais plus s'il finit une recherche précédente ou bien s'il s'occupe de mon cas. Après quelques minutes, il m'informe qu'il doit descendre au sous-sol pour me trouver les volumes et il remonte quelques instants plus tard avec 1991 et 1992. "Yes!" Je sens que je touche au but. Il retourne à l'ordinateur et "paf!", dix minutes après, il revient avec 1996, 1997 et 1998. Je suis assez content : je trouve rapidement les informations (en fait, c'est Karibou qui les trouve rapidement !) que je cherchais. Ma mission est sur le point d'achever...

Le temps passe et monsieur l'archiviste tape toujours sur son ordinateur, et cette fois il confirme qu'il est à la recherche des budgets de la ville. À 15h30, il renonce et m'informe qu'il approfondira ses recherches le lendemain afin de trouver les autres dossiers. Les bras m'en tombent!

Il m'a bien fallu deux minutes pour comprendre que les dossiers "budget de Montréal", ne sont pas classé au même endroit par année.

Suite au prochain épisode... le dossier CHUM (Centre Hospitalier de l'Université de Montréal).