L'Empire en Pire

Voilà 40 ans déjà qu'un humain a déposé le pied et sûrement beaucoup de déchets sur la lune. Depuis, personne n'y est repassé pour nettoyer ou pour pousser la merde du côte obscur.

Par chance pour les médias, cet événement coïncide parfaitement avec l'envolée de 2 spationautes Canadiens pour la station internationale. Les informations pleuvent: grande première 2 Canadiens dans l'espace, 13 personnes en même temps dans la station, un des Canadiens est Julie Paillette; Julie est Québécoise; Julie est la seule femme à bord; elle sera pilote de vaisseau; elle commandera le bras robotisé, Julie est extraordinaire, Julie on t'aime, Julie fait la couverture de tous les journaux. FORMIDABLE!

Je ne tiens pas à minimiser l'exploit qu'elle a réalisé, mais je me pose juste une question: comment s'appelle l'autre Canadien?

On s'en fout, car on est heureux d'apprendre que le support du pied de la capsule qui, il y a 40 ans, a aluni, a été conçu par un ingénieur Québécois.

À vrai dire rien de bien anormal à vouloir s'identifier à un groupe social ou culturel, à défendre son bout de gras. 7 millions de Québécois, cela fait moins que Paris et ses banlieues, mais c'est pas une raison pour passer sous silence ou presque, un attentat en Irak, un massacre au Nigéria, un coup d'état au Honduras, une élection en Iran...

L'âme son pointu!

Depuis une semaine j'ai repris mes activités à la bibliothèque, histoire de compenser les remplacements que j'avais refusés pour profiter du festival de Jazz. Voilà la joie d'avoir un travail plus ou moins flexible ou précaire selon les points de vue. Cet événement musical est une très grande idée, car les grands noms du jazz comme Tony Bennett, Wayne Shorter ou Ornette Coleman, drainent une foule de spectateurs. Et puis, ce festival offre une belle vitrine aux plus petits noms. Celui-ci n'est pas consacré exclusivement au jazz et les fans de Ben Harper, Stevie Wonder ou Joe Cocker ont ainsi la possibilité de découvrir et parfois d'apprécier un style qui n'a plus la faveur des hit-parades.

Mon choix s'est plutôt orienté vers mon instrument préféré: la guitare. J'ai donc profité de concerts blues, rock, country et aussi, de légende. Et puis, j'ai entendu d'autres trucs agréables ici et au fil des ballades sur le site. Évidemment, on ne peut pas tout voir et tout apprécier; la pluie et la distance séparant le domicile au centre-ville auront été aussi parfois dissuasives.

Passons à la suite: le festival Fantasia (films d'horreur) puis les Francofolies.

Le Pas du Vice

Je suis nostalgique de la vie toulousaine, où chaque dimanche nous partions en expédition avec notre sac à dos, butiner les différents étals garnis de produits locaux succulents. On passait du maraîcher au laitier, du boucher au vendeur d'œufs, de champignons, de vin, de miel ou de macarrons maison; partageant un petit moment privilégié avec chacun de ces artisans fiers de leur produit.

À Montréal, il existe le marché "Jean Talon" où l'on peut retrouver ce genre d'ambiance dans un décor à la taille de la ville. Le prix n'est pas beaucoup plus élevé qu'ailleurs et les denrées locales foisonnent tout autour de ce marché situé au coeur du quartier de la "Petite Italie".

C'est à peu près 40 minutes de transport en commun qui nous séparent de cet eldorado que nous fréquentons occasionnellement, quand le temps est de la partie et que le courage alimente notre volonté d'agiter nos papilles gustatives rouillées par les saveurs du supermarché.

C'est au supermarché d'à côté que nous garnissons généreusement notre réfrigérateur de viande hachée sous cellophane, de fromage parallépipédique qui ne mérite pas cette appellation ou de légumes irradiés, incapables de mourir, même après 2 mois passés à l'air libre. Nous retrouvons les joies de déambuler dans les rayons, où les emballages savoureux et accrocheurs ne sont là que pour masquer l'indéniable uniformatisation des goûts. La mascarade publicitaire est la même partout et malheureusement, nous la cautionnons chaque semaine.

Lors de notre dernière visite au temple de la consommation, nous avons eu la chance d'être interpellé par une sorte de camelot du rayon bière. Par habitude, je fuis ce genre de dégustation qui ne fait que prolonger ma présence dans ce lieu, générant chez moi un stress latent patent. Devant l'insistance de la vendeuse et l'appel de ma curiosité, je me suis laissé aller à une nouvelle expérience. L'étal contenait différentes bouteilles translucides laissant apparaître un liquide qui ne l'était pas moins. De chaque côté de la table, des seaux à champagne remplis de glace trônaient au dessus de pack de bière de couleur rouge sang.

- "Le produit "Boris" est fabriqué à Laval (banlieue nord de Montréal)" se targue tout de suite la vendeuse.

Je fus instantanément conquis à l'idée de découvrir un produit local dans des bouteilles qui me rapellaient vaguement quelque chose. Elle m'annonce que le liquide transparent est un "cooler": une boisson composée d'un alcool, de soda et d'un sirop pour arômatiser de tout. Le mélange des ingrédients dans mon cerveau provoca immédiatement l'emergence du souvenir des premières cuites et l'arrière goût de vomi qui venait de se manifester me força à décliner l'invitation de dégustation. Notre hôtesse rebondit, et nous proposa de goûter la bière "Boris", en nous annonçant fièrement que les bouteilles étaient importées d'Alsace.

Loin de toucher ma fibre patriotique, je me lancai dans l'absorption de la dite bière et d'un seul coup tout s'éclaira. Le goût fade d'une "Valstar", le tout dans une petite bouteille trapue en forme de suppositoire : je fis un bond dans le temps. Durant plusieurs années de jeunesse, je me saoulais avec de la bière de maçon du genre "33 export" ou "Kro" pour finalement retrouvé au pays de la bière une entreprise qui s'éfforce de copier cette abomination houblonneuse.

Ce n'est que par politesse que j'acceptai de goûter la dernière trouvaille de cette compagnie : une bière de 500 ml à 2.25 dollars avec, inscrit dessus, le pourcentage d'alcool du brevage, 8.6%. L'image de tous ces S.D.F que j'ai vu faire la queue au "LIDL" pour se procurer de la 8.6% me revint instantanément en tête.

J'ai bien l'impression que l'on n'a pas fini de voir ces canettes rouges dans la rue... ou dans la cour des Lavalois se targuant d'avoir le plus gros barbecue du quartier!

Ça Déménage

Mercredi 1er juillet, fête nationale de Canada et par conséquent, journée fériée. Par tradition au Québec, on profite de cette période pour changer d'habitation, car les baux sont généralement signés à cette date. J'ai donc pu observer tout au long de la journée les camions et pick-up transporter des tas de frigos, meubles et cartons. Les rues étaient jonchées de déchets en tous genres dont les journalistes ont pu se délecter pour garnir leurs feuilles de choux. Je n'avais malheureusement pas mon appareil photo pour témoigner également de ce fait de société.

Ce jour là, mon programme était assez chargé car la matinée était réservée au remplissage de frigo (qui dit férié ne dit pas forcement fermé), suivi d'une réunion syndicale informelle, au QG habituel: le bar. La soirée était, elle, réservée au festival de jazz qui ouvrait ses portes à cette même date. Le soleil nous accompagna toute la matinée et j'arrivai assez décontracté à ma réunion. Mon dévouement fut tel que je ne suis ressorti qu'à 3h du matin, heure de fermeture du dit bar. Mon programme a malheureusement été un peu chamboulé mais bon, je vais me rattraper dès ce soir avec un concert de jazz manouche.