Si j'avais les ailes d'un ange.


   Voici mon premier bonhomme de neige en terre canadienne ou plutôt en terre québécoise pour ne pas froisser la sensibilité nationaliste de certains. La neige, trop froide et par conséquent, pas assez collante, ne nous permit pas de concevoir un bonhomme  aux formes parfaites. Il a fallu déployer tout notre savoir faire, digne des plus imminents spécialistes, pour adapter notre œuvre à une matière récalcitrante à l'art.

   Cette œuvre a été réalisée à Québec (la ville), où nous avons passé les fêtes de Noël. Accueillis dans la famille d'un ami, nous avons dégusté tous les mets traditionnels de Noël : dinde, pâté à la viande, fudje, sucre à la crème et autres plats à faire pâlir les diabétiques et les cholestérolophobes.        

   Bien garnis et bien arrosés, ces trois jours furent du même tonneau que les Noël que je connais en France: pour preuve, il a fallu que je décale mon trou de ceinture habituel. 

Il neige sur Liège!

L'excitation des enfants est-elle proportionnelle à la quantité de neige?

Je ne sais pas, peut-être que les enfants me répondraient que c'est ma patience qui est inversement proportionnelle à la quantité de neige. De toute façon, est-ce que le point de vue des enfants est important pour moi?

Je vois bien que la taille de ma ceinture abdominale est proportionnelle à la quantité d'exercice que j'exécute, que la fréquence des vaisselles est également proportionnelle à la taille de l'évier. Devant cette objectivité indéniable, je confirme que les enfants m'énervent parce qu'il neige, et que je n'ai pas envie de les voir aujourd'hui, malgré mes obligations professionnelles.

À celui qui me dira " Dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l'on veut.", je lui réponds "Ta gueule, CONNARD!"


 

Pensée de Noël


"Le spectateur ne trouve pas ce qu'il désire, mais désire ce qu'il trouve."

Guy Debord
Commentaires sur la société du spectacle

0 de conduite!




   Le 9 novembre dernier, La Presse publiait un texte de L.F., aide-bibliothécaire à la Bibliothèque Interculturelle de Côte-des-Neiges. Il s'agit donc d'un de mes collègue, employé comme moi de la ville de Montréal. Dans cet article, il était question de l'entrée en force du DVD dans les bibliothèques, de leur popularité et de leur place au sein des collections. L'auteur y décrivait son sentiment : celui de
devenir un employé de vidéothèque et de ne plus servir à l'enrichissement culturel de la population. Audelà de cela, il posait la question de la mission d'une bibliothèque municipale et de sa place au sein de la société.

   Ce texte d'opinion se voulait être l'avis d'un employé sur le devenir de son travail, l'expression d'un sentiment personnel sur une situation vécue quotidiennement. La réaction ne se fit pas attendre et dès le 11 novembre, une réponse du chef de division culture de l'arrondissement était publiée dans ce même quotidien. L'article de L.F. avait suscité des réactions, tant au sein des bibliothèques et de leurs employé, qu'au niveau de la ville. Et comme il est, visiblement, difficile d'exprimer librement une opinion, les conséquences du geste de L.F. ne se firent pas attendre!

   Selon le Guide de conduite de l'employé de la ville de Montréal – signé le 22 avril dernier par le comité exécutif de la ville -, « la publication de textes et les entrevues sur des sujets liés à l’exercice des fonctions de l’employé ou aux activités de la Ville doivent préalablement faire l’objet d’une autorisation de la direction dont il relève ». Or, le texte soumis à La Presse ne l'avait pas été. Par conséquent, L.F. écope d'une suspension de trois jours de travail pour le non respect du dit guide et pour propos diffamatoires.

   Là, j'ai envie de dire: « C'est dégueulasse! » J'ajouterai même, je suis tout à fait en accord avec les propos de mon camarade.

   À partir de ce point, suis-je moi aussi passible d'un avis disciplinaire? Pour vérifier, rien de plus simple, il suffit de me dénoncer sur la nouvelle « ligne d'éthique ». Une ligne téléphonique entièrement dédiée aux dénonciations pour « prévenir et détecter des activités abusives et frauduleuses des fonctionnaires de la ville de Montréal ». Et ne vous inquiétez pas, ce service gratuit garantit l'anonymat du délateur, alors ne vous gênez pas.

L'art de casser les bonbons


  Spécialistes de la chasse, certainement issus d'un passé de trappeur, les québécois sont les rois pour désorienter leur proie et semer la confusion du touriste ou du nouvel arrivant. 

   Au pied du Mont-Royal, qui est une colline au centre de Montréal - que l'on appelle "la montagne"- s'étend d'un côté le plateau Mont-Royal et de l'autre, ville Mont-Royal. Le plateau, célèbre ancien quartier populaire, nouvellement repeuplé de "bobos" français, est traversé par la rue Mont-Royal qui a donné son nom également à la station de Métro Mont-Royal. On attribue d'ailleurs le nom de Montréal, à une citation de Monsieur Champlain, qui se serait écrié, en regardant la montagne, certainement un lendemain d'abus de boisson, " Ce mont est royal".

  Au cœur de l'île de Montréal, il existe donc une ville "reconstituée", indépendante de la ville de Montréal: Ville Mont-Royal. 

   Forte de ses 20.000 habitants, cette ville de l'agglomération de Montréal, reste une citée pavillonnaire riche à majorité anglophone où les touristes comme vous et moi ne s'aventurent pas, faute d'intérêt.

  Pour bien marquer sa spécificité, ville Mont-Royal a érigé un grillage le long du boulevard Acadie. Cette barrière sépare  ainsi physiquement le quartier de Parc-Extension de cette ville royale, et immunise ses habitants du plus grand mal qui habite ce lieu populaire: la pauvreté de la promiscuité.

  Par chance, des portes permettent de franchir le grillage et offrent un accès aux habitants de ville Mont-Royal aux échoppes indiennes et pakistanaises qui animent le quartier. Chaque année pourtant, quand vient le soir d'Halloween, paradis des enfants et fête familiale par excellence, les portes se referment, empêchant toute intrusion d'étrangers sur la terre des nantis. Les enfants pauvres restent de leur côté et apprennent à leur dépend ce qu'est une classe sociale.

   Vivement Noël! pour la piqûre de rappel. 

Montréal: une île, une ville



Montréal est une grande île, on peut dire "l'île de Montréal", mais dès que l'on parle de la "ville de Montréal", les choses se corsent sévèrement.

En fait, l'île de Montréal est constituée aujourd'hui de 19 arrondissements et 16 municipalités. Il existe aussi l'agglomération de Montréal regroupant l'île de Laval au nord, quelques villes au sud et 69 îles entourant la grande - celle de Montréal bien sûr.

La géographie de la ville de Montréal est toute récente et il n'est pas facile de se retrouver dans ce dédale administratif.

Le 1er janvier 2002, une loi gouvernementale obligeait 27 municipalités à se rattacher à la vieille ville de Montréal (la loi des fusions). Mais en 2004, après que les libéraux aient pris le pouvoir au provincial, un referendum fut accordé à 22 municipalités pour autoriser celles-ci à redevenir indépendantes (l'accord sur les dé-fusions). 15 d'entre-elles, évidemment les plus riches, retrouvèrent leur autonomie et une nouvelle appellation: les villes reconstituées.

Du côté des institutions, c'est évidemment une vraie usine à gaz, il existe des conseils à tous les paliers et chaque service public dépend de différentes sociétés municipales, para-municipales, d'arrondissement ou de ville.

Pourquoi faire simple?

Tremblay! Pauvres moutons!

   Le week-end dernier, c'était Halloween. Les citrouilles, les bonbons, les sorcières, les enfants maquillés et surtout les élections municipales au Québec. Le maire de chaque ville est élu pour quatre ans et ne connaît pas de limite mandataire.
   À Montréal, il étaient trois en lice pour le poste de Maire: M.Tremblay, maire sortant d'un parti de droite classique avec déjà deux mandats derrière lui, Mme Harrel, ex-ministre et ex-députée du Parti Québécois (souverainiste) au niveau provincial, et M. Bergeron, conseiller municipal, plus ou moins écolo de gauche se présentant pour la seconde fois aux élections municipales de Montréal.  
   Les élections, on en entendait parler depuis quelques mois, certaines affaires douteuses sortaient sur le maire et sur l'ex-ministre; puis des affiches habillaient les bus dès le début de l'automne. Le gouvernement investit un million de dollars dans une campagne d'incitation au vote : des affiches, des signets, des encarts dans les journaux et des spots télévisés; personne ne pouvait dire qu'il n'était pas au courant.
   Ici, je n'ai pas encore le droit de vote, mais je me suis un peu intéressé au sujet, aussi bien en tant que curieux, que citoyens en devenir ou que fonctionnaire de la ville de Montréal. Dans l'air, je sentais qu'un changement était possible, surtout après qu'un gros scandale de collusion avec la maffia avait éclaboussé le maire. Tout est allé crescendo et durant la dernière semaine de campagne, un ancien conseiller, passé d'un parti à un autre, s'est fait virer et a balancé tous ses anciens petits camarades en dénonçant le système de financement occulte des partis politiques québécois. C'était l'apothéose : enfin quelques chose de palpitant.
   Nous avons attendu les résultats tranquillement et vers 1h00 du matin,  le verdict est tombé : M. Tremblay est réélu.

   Le taux de participation a été de 39%, exactement le même qu'en 2005 - ce qui fût le taux le plus bas de l'histoire municipale montréalaise. Le Québec enregistre, lui, un taux de participation de 45%.
   Je ne suis pas sociologue, mais j'attends avec impatience les raisons profondes de cette catastrophe démocratique. Les Montréalais ont-ils été écœurés par la corruption au point de tout laisser faire? Ont-ils encore une conscience politique?  Ont-ils une tête de cochon plus forte que l'influence médiatique? L'individualisme capitalistique a-t-il eu raison du collectif? Se sentent-ils encore Montréalais? Se sentent-ils encore citoyen ou humain? Ou suis-je en plein choc culturel?
  Quelques journalistes évoquent l'idée d'une élection à deux tours, ou bien d'un vote obligatoire comme en Belgique ou en Australie. Moi, je propose un service de taxi qui viendrait prendre les gens par la main, et des bulletins de vote pré-remplis pour faciliter l'exercice d'une démocratie qui n'a plus vraiment de sens.

L'âge ingrat


Aujourd'hui, dernier jour de travail en bibliothèque avant un week-end bien mérité. Le moment fort du jour, c'est l'entrée d'une adolescente en milieu d'après-midi dans la section des adultes. Bien conforme au modèle du moment, jeans serré, chewing-gum et maquillage outrancier; elle hurle dans son téléphone portable des mots d'une profondeur philosophique abyssale.

C'est le prototype habituel, alors on applique la méthode classique:

- "Pardon mademoiselle, je vous rappelle qu'il est interdit de téléphoner dans la bibliothèque! Merci"

- "OKKKEYYYYYY, je sors"

Quelques minutes plus tard, elle refait son entrée de façon plus discrète. Il fut facile de la reconnaître d'abord avec cette odeur typique de" Malabar" avec laquelle on identifie immédiatement les ados, mais également grâce à son magnifique anorak rose, digne des plus grands moments de la mode des années 80.

Je l'observe attentivement déambuler dans les allées, un peu comme une bille de flipper qui ne sait jamais vraiment quel chemin prendre, mais qui finit toujours par revenir au point de départ.

Cinq bonnes minutes plus tard, elle se dirige vers moi et me demande très poliment:

- " Heu! je cherche un livre... heu! C'est comme... heu! Madame Bo qu'quechose."

- " Madame Bovary!"

- " OUI c'est ÇA! MADAME BOMARI!, Ça doit être un classique. L'auteur c'est Heuu!!"

- " Gustave!"

- " OUI OUI, monsieur Gustave!"

Je lui explique brièvement comment chercher, mais j'abandonne rapidement et décide de l'accompagner vers l'ouvrage de Flaubert, qui ,j'en suis sûr, n'en reviendrait pas de voir ses écrits déchiffrés par ce spécimen rose fluo.

Elle avait l'air ravie de détenir le livre qu'on lui avait imposé en classe, mais l'était beaucoup moins quand je lui annonçai qu'il fallait une carte de membre pour l'emprunter.

Je ne verrai malheureusement pas le dénouement de cette histoire qui devrait se terminer demain, quand elle aura apporter les documents nécessaires à son inscription. Si jamais elle a retenu ce que je lui ai expliqué longuement...

C'est pas facile de vieillir, mais c'est quand même dur d'être un jeune!

Misanthropie Thérapeutique



Je suis déçu, non pas à cause de la défaite de notre équipe syndicale d'opposition, non pas parce que je ne vivrai pas le "rêve américain", non pas parce que je n'aurai pas de cravate à porter; je suis seulement déçu de voir que les fonctionnaires de la ville de Montréal, à l'image des Québécois, des Italiens, des Français ou des autres, que ces gens ne sont pas allés voter alors qu'une alternative s'offrait à eux. 32%, c'est exactement de même taux de participation qu'aux élections précédentes, où il n'y avait pas d'équipe d'opposition. Cherchons l'erreur!

Blotti dans le fond de son terrier, on attend. La crise fait peur. Tout changement alimente la terreur qui aveugle et abuse les plus naïfs en leur faisant croire que cela peut être pire. Alors tout le monde attend que cela passe en ressassant inlassablement qu'après la pluie le soleil brillera. Harper réélu, Berlusconi réélu, Sarko c'est pour bientôt... Un vieux vent de conservatisme souffle encore dans les têtes, vidées par les médias consentants. Les plus actifs d'entre nous, ceux que la misère n'a pas engloutis, élaborent un plan pour sauver leur compte d'épargne en dénonçant leur voisin de galère pour éliminer la concurrence.

Et moi, je fais quoi dans ce bordel? Évidemment, je ne suis pas seul, et puis ma naïveté idéologique, c'est mon point de repère dans cette jungle. Alors le combat continu, à mon échelle. Je vais me battre, d'abord contre mon patron qui ne cesse de couper nos heures alors qu'il s'enrichit, et ensuite et surtout contre notre exécutif syndicale, symbole même de l'immobilisme et de la médiocrité qui frise la grosse connivence patronale.

EN LUTTE!

Élections

J'ai délaissé mon blog depuis quelques temps, mais j'ai bien évidemment des circonstances atténuantes.

D'abord, j'ai mon travail à la bibliothèque qui occupe 24 heures de mon temps par semaine. Là, vous vous gaussez, vous qui travaillez désormais plus pour gagner plus!

Il s'ajoute à ces heures de travail, mes activités syndicales de délégué, mais surtout ma candidature au poste de vice-président de la plus grosse section locale du Québec qui représente 10574 fonctionnaires de Montréal. Et oui, si je suis élu, je deviendrai une énième incarnation du rêve américain. Les élections sont dans 11 jours exactement et la guerre est lancée. Voyez par vous même :

Je vous laisse, je me dois d'aller sur le champs serrer des mains et embrasser des bébés...

Born to be a larve!

Bon me voilà de retour, juste pour annoncer que je ne suis pas mort, dépressif ou otage d'extra-terrestres. Nous venons de déménager, il fait beau, alors on profite de l'automne avant de s'enfermer pour quelques mois.

Voici de quoi patienter...

"Le Temps des Bouffons" de Pierre Falardeau (1993)

L'Empire en Pire

Voilà 40 ans déjà qu'un humain a déposé le pied et sûrement beaucoup de déchets sur la lune. Depuis, personne n'y est repassé pour nettoyer ou pour pousser la merde du côte obscur.

Par chance pour les médias, cet événement coïncide parfaitement avec l'envolée de 2 spationautes Canadiens pour la station internationale. Les informations pleuvent: grande première 2 Canadiens dans l'espace, 13 personnes en même temps dans la station, un des Canadiens est Julie Paillette; Julie est Québécoise; Julie est la seule femme à bord; elle sera pilote de vaisseau; elle commandera le bras robotisé, Julie est extraordinaire, Julie on t'aime, Julie fait la couverture de tous les journaux. FORMIDABLE!

Je ne tiens pas à minimiser l'exploit qu'elle a réalisé, mais je me pose juste une question: comment s'appelle l'autre Canadien?

On s'en fout, car on est heureux d'apprendre que le support du pied de la capsule qui, il y a 40 ans, a aluni, a été conçu par un ingénieur Québécois.

À vrai dire rien de bien anormal à vouloir s'identifier à un groupe social ou culturel, à défendre son bout de gras. 7 millions de Québécois, cela fait moins que Paris et ses banlieues, mais c'est pas une raison pour passer sous silence ou presque, un attentat en Irak, un massacre au Nigéria, un coup d'état au Honduras, une élection en Iran...

L'âme son pointu!

Depuis une semaine j'ai repris mes activités à la bibliothèque, histoire de compenser les remplacements que j'avais refusés pour profiter du festival de Jazz. Voilà la joie d'avoir un travail plus ou moins flexible ou précaire selon les points de vue. Cet événement musical est une très grande idée, car les grands noms du jazz comme Tony Bennett, Wayne Shorter ou Ornette Coleman, drainent une foule de spectateurs. Et puis, ce festival offre une belle vitrine aux plus petits noms. Celui-ci n'est pas consacré exclusivement au jazz et les fans de Ben Harper, Stevie Wonder ou Joe Cocker ont ainsi la possibilité de découvrir et parfois d'apprécier un style qui n'a plus la faveur des hit-parades.

Mon choix s'est plutôt orienté vers mon instrument préféré: la guitare. J'ai donc profité de concerts blues, rock, country et aussi, de légende. Et puis, j'ai entendu d'autres trucs agréables ici et au fil des ballades sur le site. Évidemment, on ne peut pas tout voir et tout apprécier; la pluie et la distance séparant le domicile au centre-ville auront été aussi parfois dissuasives.

Passons à la suite: le festival Fantasia (films d'horreur) puis les Francofolies.

Le Pas du Vice

Je suis nostalgique de la vie toulousaine, où chaque dimanche nous partions en expédition avec notre sac à dos, butiner les différents étals garnis de produits locaux succulents. On passait du maraîcher au laitier, du boucher au vendeur d'œufs, de champignons, de vin, de miel ou de macarrons maison; partageant un petit moment privilégié avec chacun de ces artisans fiers de leur produit.

À Montréal, il existe le marché "Jean Talon" où l'on peut retrouver ce genre d'ambiance dans un décor à la taille de la ville. Le prix n'est pas beaucoup plus élevé qu'ailleurs et les denrées locales foisonnent tout autour de ce marché situé au coeur du quartier de la "Petite Italie".

C'est à peu près 40 minutes de transport en commun qui nous séparent de cet eldorado que nous fréquentons occasionnellement, quand le temps est de la partie et que le courage alimente notre volonté d'agiter nos papilles gustatives rouillées par les saveurs du supermarché.

C'est au supermarché d'à côté que nous garnissons généreusement notre réfrigérateur de viande hachée sous cellophane, de fromage parallépipédique qui ne mérite pas cette appellation ou de légumes irradiés, incapables de mourir, même après 2 mois passés à l'air libre. Nous retrouvons les joies de déambuler dans les rayons, où les emballages savoureux et accrocheurs ne sont là que pour masquer l'indéniable uniformatisation des goûts. La mascarade publicitaire est la même partout et malheureusement, nous la cautionnons chaque semaine.

Lors de notre dernière visite au temple de la consommation, nous avons eu la chance d'être interpellé par une sorte de camelot du rayon bière. Par habitude, je fuis ce genre de dégustation qui ne fait que prolonger ma présence dans ce lieu, générant chez moi un stress latent patent. Devant l'insistance de la vendeuse et l'appel de ma curiosité, je me suis laissé aller à une nouvelle expérience. L'étal contenait différentes bouteilles translucides laissant apparaître un liquide qui ne l'était pas moins. De chaque côté de la table, des seaux à champagne remplis de glace trônaient au dessus de pack de bière de couleur rouge sang.

- "Le produit "Boris" est fabriqué à Laval (banlieue nord de Montréal)" se targue tout de suite la vendeuse.

Je fus instantanément conquis à l'idée de découvrir un produit local dans des bouteilles qui me rapellaient vaguement quelque chose. Elle m'annonce que le liquide transparent est un "cooler": une boisson composée d'un alcool, de soda et d'un sirop pour arômatiser de tout. Le mélange des ingrédients dans mon cerveau provoca immédiatement l'emergence du souvenir des premières cuites et l'arrière goût de vomi qui venait de se manifester me força à décliner l'invitation de dégustation. Notre hôtesse rebondit, et nous proposa de goûter la bière "Boris", en nous annonçant fièrement que les bouteilles étaient importées d'Alsace.

Loin de toucher ma fibre patriotique, je me lancai dans l'absorption de la dite bière et d'un seul coup tout s'éclaira. Le goût fade d'une "Valstar", le tout dans une petite bouteille trapue en forme de suppositoire : je fis un bond dans le temps. Durant plusieurs années de jeunesse, je me saoulais avec de la bière de maçon du genre "33 export" ou "Kro" pour finalement retrouvé au pays de la bière une entreprise qui s'éfforce de copier cette abomination houblonneuse.

Ce n'est que par politesse que j'acceptai de goûter la dernière trouvaille de cette compagnie : une bière de 500 ml à 2.25 dollars avec, inscrit dessus, le pourcentage d'alcool du brevage, 8.6%. L'image de tous ces S.D.F que j'ai vu faire la queue au "LIDL" pour se procurer de la 8.6% me revint instantanément en tête.

J'ai bien l'impression que l'on n'a pas fini de voir ces canettes rouges dans la rue... ou dans la cour des Lavalois se targuant d'avoir le plus gros barbecue du quartier!

Ça Déménage

Mercredi 1er juillet, fête nationale de Canada et par conséquent, journée fériée. Par tradition au Québec, on profite de cette période pour changer d'habitation, car les baux sont généralement signés à cette date. J'ai donc pu observer tout au long de la journée les camions et pick-up transporter des tas de frigos, meubles et cartons. Les rues étaient jonchées de déchets en tous genres dont les journalistes ont pu se délecter pour garnir leurs feuilles de choux. Je n'avais malheureusement pas mon appareil photo pour témoigner également de ce fait de société.

Ce jour là, mon programme était assez chargé car la matinée était réservée au remplissage de frigo (qui dit férié ne dit pas forcement fermé), suivi d'une réunion syndicale informelle, au QG habituel: le bar. La soirée était, elle, réservée au festival de jazz qui ouvrait ses portes à cette même date. Le soleil nous accompagna toute la matinée et j'arrivai assez décontracté à ma réunion. Mon dévouement fut tel que je ne suis ressorti qu'à 3h du matin, heure de fermeture du dit bar. Mon programme a malheureusement été un peu chamboulé mais bon, je vais me rattraper dès ce soir avec un concert de jazz manouche.

Chaud les nations! Chaud!

Le 24 juin, c'était la fête nationale du Québec, donc l'occasion de se rappeler la différence entre une nation, un état et un pays. Pas facile de comprendre ces subtilités avec le Québec qui est à la fois:

- Une nation : "Ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique" (Larousse).

- Un pays : "Territoire d'une nation délimité par des frontières et constituant une entité géographique" (Larousse)

- Mais pas totalement un état: "Société politique résultant de la fixation, sur un territoire délimité par des frontières, d'un groupe humain présentant des caractères plus ou moins marqués d'homogénéité culturelle et régi par un pouvoir institutionnalisé. (En droit constitutionnel, l'État est une personne morale territoriale de droit public personnifiant juridiquement la nation, titulaire de la souveraineté interne et internationale et du monopole de la contrainte organisée.) (Larousse)

Le Québec, même s'il possède une institution politique interne indépendante, doit répondre du Canada et n'est donc pas un état souverain international; exactement comme la Catalogne espagnole.Voilà ce que j'ai compris dans les grandes lignes.

Un des avantages principaux d'avoir une nation dans une autre, c'est la possibilité d'avoir deux fêtes nationales et donc, deux jours fériés.

Pour ma part, j'étais moyennement emballé à l'idée de participer à un événement culturel québécois majeur où le défilé militaire est remplacé par un défilé de "Géants" qui ont marqué l'histoire québécoise, convergeant vers un spectacle d'artistes plus populaires que musicalement intéressants. Notre répulsion naturelle pour les drapeaux nous engageâmes vers un compromis beaucoup plus acceptable: "l'OFF du festival de jazz" où se produisait un groupe local moins rassembleur mais bien meilleur que les stars nationales. Beaucoup de bière pour supporter les 30°C et les 60% d'humidité qui se maintiennent depuis cette belle soirée.

Les 4 Saisons !

365 ème jour d'exil en Amérique du nord et toujours vivant. Le H1N1, la bombe H iranienne, le parti socialiste et tous les autres amuses-média ne m'ont pas encore contaminé, je me sens en pleine forme. J'ai troqué le vin pour la bière, je continue le chocolat et mon français a pris un mauvais pli. Le syndicalisme donne un nouveau souffle à mon travail qui me convient tout à fait.

La nouveauté me stimule, ma curiosité me relance en permanence et quand la drogue ne fera plus effet, il sera temps de partir.

D'ici là, j'essaie tant bien que mal de conscientiser les écureuils, afin qu'ils revendiquent leur droit à la propriété, qui est antérieur à celui des premières nations.

Champlain et les castors

Pour la première fois depuis mon arrivée, j'ai quitté Montréal. Il aura fallu tout un tas de circonstance: le temps, l'argent et l'envie.

Cette escapade, organisée en famille, nous a conduit à 3h00 de route plus au nord, à Québec, la capitale du Québec. Ce fut d'abord l'occasion de goûter aux joies de la conduite en voiture automatique, sur une autoroute cahoteuse qui longe le fleuve St Laurent. La vitesse étant limitée à 100 km/h, le trajet semble un peu long et monotone; le décor ne change guère, les champs s'étalent à perte de vue. Moi j'étais ravi de voir autre chose que des immeubles, de sentir les odeurs de la ferme et d'admirer les camions géants filer rageusement vers le nord.

À notre arrivée à Québec, le soleil s'est mis de la partie, on a lâché la voiture. Les rues plus petites, les routes dans tous les sens, les remparts, tout cela est très étonnant pour une ville nord américaine. Magasins multicolores, toit en cuivre, le paysage presque bucolique était très agréable. Voilà une ville à taille humaine.

Évidement nous nous sommes contentés des attraits touristiques classiques de la "haute ville": château Frontenac, remparts, citadelle, parc Montmorency, fresques et port; le tout en quelques heures. Très bonne expérience, que je vivais pour la seconde fois, mais dont je n'avais que très peu de souvenirs.

Picole (anagramme)

Me voilà enfin rassuré, l'écologie, thématique très en vogue actuellement, arrive dans la police. Ce magnifique "T3", véhicule électrique dit "écologique",capable d'attendre la vitesse de 40km/h, remplacera dès le mois d'août, les brigades cyclistes du centre ville de Toronto. Cet appareil, fabriqué en Californie, coûte dans les 13.000 dollars et peut transporter beaucoup plus de matériel qu'un cycliste, par exemple "une civière souple", nous informe-t-on. Pas la peine d'en rajouter, je suis totalement convaincu, ce projet est écologiquement révolutionnaire.

Regardons ensemble le côté positif de cette mesure. D'abord le policier, n'est plus essoufflé quand il arrive sur un groupe de jeunes délinquants, ce qui lui permet de pouvoir matraquer avec toute son énergie les potentiels suspects. Ensuite, le "T3" étant électrique, j'imagine que le policier pourra recharger son "Tazer". Enfin, voilà un bon moyen, avec l'argent des contribuables,de relancer une économie qui souffre beaucoup de ce moment.

Bientôt au Québec, quelle chance.

Le Festin des Anges

Le printemps était revenu, les arbres feuillus, la couleur verte dominait et la valse des tondeuses à gazons confirmait le début de saison. Il n'avait pas eu le temps de s'en apercevoir, tout s'était passé très vite. Les bourgeons étaient devenus feuilles en 3 jours, les fleurs avaient éclos, le pollen volait à tous vents, les parfums explosaient et les jupes avaient sérieusement raccourcies. Comme dans un théâtre, le temps d'un entracte, le décor était tombé, la neige n'était plus qu'un souvenir.

Assis sur sa terrasse, Gabriel contemplait son barbecue.
" Voilà le symbole de ma réussite." se disait-il tout bas.

Durant des années, il s'était donné à fond, il avait sué, sacrifiant souvent sa vie de famille, pour leur offrir le meilleur. C'était comme plongeur qu'il avait débuté dans le métier, puis il passa serveur, chef de table, maître d'hôtel et enfin directeur. Il en avait planté des couteaux pour arriver jusque là, mais il était satisfait, il dirigeait, contrôlait, dominait.

Une petite brise caressa sa joue, il ferma les yeux de bonheur et s'enfonça un peu plus profondément dans le rembourrage de sa chaise longue. Les morceaux de viande chantaient sur la grille, la sauce bouillonnait à feu doux. Le barbecue valait dans les 1500 dollars, le meilleur du marché: couvercle, thermomètre, placard à bouteille de gaz d'un côté, rangement pour les sauces de l'autre; il s'était offert le plus cher du magasin pour cette occasion exceptionnelle.

Deux mois auparavant, il avait décidé de rattraper un peu le temps perdu. Un déjeuner avec sa femme et ses deux enfants. Il ne se souvenait même plus de quand datait leur dernière rencontre familiale. Enfin, il pouvait savourer l'instant.

Il dressa la table, déposa délicatement ses ustensiles souillés, s'assied, plongea sa main dans le bac remplit de glace et piocha une bière.

D'un seul coup, il entendit une porte claquer, des chaises se renverser et des pas de course se rapprocher de lui.

"POLICE! ne bougez plus"

Il ne bougea pas et contempla alors une dernière fois le tableau champêtre avec au premier plan, trois corps morcelés, décharnés, éventrés.

En mai, snife ce qu'il te plait!

" La vie c'est une beurrée de marde, et plus on vieillit moins la tranche de pain est épaisse." Voici la grande vérité que j'ai retenu de ma dernière réunion syndicale. Un pas de plus dans la culture québécoise, sur le thème de la Santé et Sécurité au Travail. J'avais mis la charrue avant les bœufs, parce que je fais parti d'un comité paritaire sur ce thème et je ne savais pas à quoi servait ce comité. Désormais, c'est chose faite, j'y vois un peu plus clair.

Du coup, cela fait une semaine que je n'ai pas mis le nez et les orteils au travail, mais je vais y retourner dès demain matin, dimanche, pour retrouver les livres, les collègues et des enfants plus ou moins sages.

Lundi, en raison de la fête des patriotes pour le Québec, de la journée de la reine pour le Canada et de la fête de Dollar des Ormeaux , ce sera le seul et unique jour férié de mai. Ici ce mois n'est pas le plus doré pour les jours chômés, la fête du travail est célébrée en septembre, comme aux USA.

À quand la "grippe finale"?

Le Saint Dit Quoi?

Il est loin le temps où à chaque instant je remarquais les détails du quotidien qui troublaient mes habitudes d'Européen, voir d'Angevin. Les poteaux électriques en bois, la hauteur d'eau dans les toilettes, le goût du chewing-gum, les magasins qui ferment à 17h00 le week-end, le prix d'un acte de naissance, les cabines téléphoniques pour automobile, les pourboires, l'aspect des légumes, la file d'attente ordonnée de l'autobus, le chronomètre pour traverser la route, tout cela fait désormais parti de l'habitude.

A présent, la simple vue d'une chaussette Décathlon ou bien le son caractéristique de l'accent français, affole mes synapses et m'indique clairement que je me dirige vers l'assimilation. Mon point de vue se déplace doucement, mes repères s'inversent. Plusieurs personnes m'ont d'ailleurs confirmé ma déviance linguistique au cours de récents appels téléphoniques, signe avant coureur d'une intégration déjà bien entamée.

C'est durant ma dernière formation syndicale que je fus troublé à la découverte de ce fabuleux T-shirt qu'arborait fièrement mon camarade de gauche. Les effluves anisées, inhabituelles pour moi à cette heure matinale avaient guidé mon regard vers ce personnage stéréotypé. Trois jours durant, j'ai partagé, avec des locaux authentiques, les notions de base du rôle d'un délégué syndical. Je ne voudrais pas alimenter le cliché selon lequel le syndicalisme ne peut se séparer du vice de l'alcool. La formation fut sobre et intense, même si la brasserie du déjeuner agrémentait formidablement ce voyage au cœur de la culture québécoise.

Demain je vais retrouver mon quotidien, les livres, les usagers et je finirai par un petit détour à la brasserie "la Québécoise", savourer la défaite magistrale de l'équipe de Hockey Montréalaise, à la coupe Stanley. Aller les boys, on part en vacance!

Made in Québec!



Nettoie tes cages à miel et laisse toi envahir par la chanson francophone québécoise.

Voici une sélection de mon cru, où sont exclus les "Céline Fion", "Garou" et autres abominations musicales sans saveurs; les formations plus "Underground" comme "le Fruit" ou "Kodiak" dont je ne possède pas de fichier mp3, et enfin ceux qui mériteraient une place de choix pour un Québécois mais qui ne me séduisent pas assez comme "J-P Ferland", "Robert Charlebois", "Vilain Pingouin" ou les chansons à répondre de la "famille Larin". Sont également mis de côté, malheureusement, tous ceux qui franchisent les limites de ma connaissance.

Il est fortement probable que la plupart des auditeurs ne comprendront rien à la lettre, c'est normal, c'est le décalage culturel. J'ai moi-même encore quelques difficultés avec de petites subtilités qui m'échappe, malgré une pratique assidue de cette langue depuis mon arrivée, il y a déjà 10 mois.

J'ai pimenté cette liste en y glissant un intrus que vous serez peut-être capable de démasquer. De qui s'agit-il?

Le "marronnier" de l'érable

Si l'on habite au Québec, on entend, on voit, goûte le sirop d'érable, c'est un produit local symbolique car 75% de la production mondiale provient de cette province.

Pour faire du sirop, il faut d'abord récupérer l'eau d'érable, qui est en fait la sève brute de l'arbre. Les acériculteurs entaillent chaque arbre avec une sorte de cannelle permettant à la sève de s'écouler dans une chaudière. Cette technique artisanale, qui daterait de l'époque amérindienne, est plus rare aujourd'hui. Désormais, les érables sont perfusés avec des tuyaux reliés entre-eux jusqu'à un gros réservoir. Le dur labeur de récupération de chaque chaudière est ainsi évité et le rendement optimisé.

La récolte se déroule en avril, au moment où la température nocturne est négative et celle du jour au dessus de 0°C. Au printemps, l'arbre produit plus de sève pour développer ses bourgeons, mais d'une année à l'autre, le rendement varie.

Pour obtenir un litre de précieux sirop d'érable, l'acériculteur fait bouillir entre 35 et 40 litres de sève brute en évaporant une quantité précise d'eau. C'est un chimiste qui doit jouer avec le thermomètre et l'hydromètre pour que le sucre contenu dans l'eau d'érable se transforme en sirop et ne se cristallise pas.

Pour ma part, je mange peu de ce sirop; d'abord parce qu'il est cher, dû aux 4 dernières années de mauvais rendement et ensuite, parce que je ne sais pas trop comment l'utiliser.

Le Cas Nular!

Pas de grand thème majeur à développer pour cette fois. Juste un petit arrêt sur la journée de congé d'aujourd'hui, 1er avril, la journée de la blague. Pour moi, il s'agit de mon week-end, puisse que le dimanche, au grand dam de Monseigneur Turcotte, je travaille.

Au lever, rien ne laissait présager que la pluie accompagnerait les poissons d'avril, mais elle a vite apparu, comme pour nous décourager de sortir du cosy chez soi. Depuis quelques jours, la température stagne au dessus de 0°C, la neige a totalement disparu et l'on retrouve les belles odeurs du printemps et les moins bonnes aussi, comme celle de la mouffette.

Pas mal en forme après l'absorption d'un petit déjeuner copieux, communément appelé "déjeuner" ici, je me décide à affronter le mauvais temps et à braver l'arrogance des automobilistes montréalais. Seule mission au programme de la journée, récupérer des informations aux archives de la ville de Montréal.

Participant actuellement à l'élaboration d'un dossier syndical "Top Secret", j'avais tout préparé méticuleusement, afin que rien ne vienne faire obstacle à mon enquête. L'objectif est simple, récupérer le budget total de la ville de Montréal de 1999 à 1989. J'ai précédemment téléphoné et on m'a confirmé que je trouverais ces informations au bureau R108 de l'Hôtel de Ville, ouvert de 8h30 à 16h30.

Vers 14h00, je franchis la porte du magnifique bâtiment. Le marbre, le plafond, les boiseries et dorures, tout est à la hauteur du prestige que peut représenter une mairie de grande ville. L'agent de sécurité est sympathique, le second également et enfin derrière la porte apparaît l'archiviste, affairé à servir des vieilles dames qui doivent faire des recherches généalogiques. Notre homme est seul pour servir les quatres âmes venues se perdre ici ; je lui fais signe que je ne suis pas pressé, car notre affaire devrait être vite réglée.

Et non! Quinze minutes plus tard, c'est mon tour et je lui fais part de ma requête toute bête: je désire avoir le budget de la Ville de 1989 à 1999, c'est facile, chaque année la ville fait un catalogue qui s'appelle budget. Le type, très professionnel, commence alors ses recherches sur un ordinateur; je le laisse tranquille car à ce moment là, je ne sais plus s'il finit une recherche précédente ou bien s'il s'occupe de mon cas. Après quelques minutes, il m'informe qu'il doit descendre au sous-sol pour me trouver les volumes et il remonte quelques instants plus tard avec 1991 et 1992. "Yes!" Je sens que je touche au but. Il retourne à l'ordinateur et "paf!", dix minutes après, il revient avec 1996, 1997 et 1998. Je suis assez content : je trouve rapidement les informations (en fait, c'est Karibou qui les trouve rapidement !) que je cherchais. Ma mission est sur le point d'achever...

Le temps passe et monsieur l'archiviste tape toujours sur son ordinateur, et cette fois il confirme qu'il est à la recherche des budgets de la ville. À 15h30, il renonce et m'informe qu'il approfondira ses recherches le lendemain afin de trouver les autres dossiers. Les bras m'en tombent!

Il m'a bien fallu deux minutes pour comprendre que les dossiers "budget de Montréal", ne sont pas classé au même endroit par année.

Suite au prochain épisode... le dossier CHUM (Centre Hospitalier de l'Université de Montréal).

Vers l'intégration

Première véritable initiation au hockey sur glace hier soir durant une réunion officieuse avec mon directeur syndical. Rendez-vous à 19h00 dans un bar au décor fonctionnel: " La Québécoise". Avec la série de drapeaux aux couleurs de l'équipe des Canadiens de Montréal alignés au-dessus des vitres teintées, je ne pouvais pas me tromper d'adresse. À l'intérieur, comme toujours, tout est énorme, un comptoir central en "u", des loteries vidéos dans le fond gauche, un sofa Ikea dans un coin et l'écran géant face à de nombreuses tables et chaises au confort acceptable. Ambiance prolétaire, parfait pour goûter à l'opium local.

La lumière tamisée permet de se concentrer sur l'autel lumineux drapé encore une fois de la marque des Canadiens. Le son Dolby 7.1 surplombe le volume sonore de la vingtaine de supporters présents pour la grande messe. Pas facile de déchiffrer les caractères du dossier syndical, mais le lieu est plutôt agréable pour une nouvelle expérience.

Tout le monde boit de la bière de base assez fade accompagnée parfois de frites ou de pizza. La coutume veut que l'on ajoute un peu de sel pour enlever l'amertume, mais cette subtilité n'a pas séduit mon palais. Pour nous, c'est Black Label, sans sel, celle que tous les gauchistes buvaient dans les années 70. Pierre, mon mentor, ne jure que par cette marque de fabrique, comme une distinction que seuls les soixante-huitards repèrent.

La première leçon de hockey commence par les règles du jeu et le vocabulaire de base:

la crosse = le bâton ou le hockey
la cage = le but
le palet = la puck
la prison = le banc des punissions
marquer = scorer

la ligne rouge = milieu de terrain
les lignes bleues = les lignes de hors-jeu

Hier soir, les blancs c'étaient les bons et les rouges les méchants. La taille de l'écran m'a permis de visualiser la "puck" voler à droite et à gauche, ce qui est impossible sur une télé normale,étant donnée la vitesse de jeu de ce sport. Un match dure trois fois vingt minutes de jeu effectif, mais vu le nombre hallucinant de pauses publicitaires, il faut bien 3 heures devant soit pour voir un match au complet. L'Amérique, c'est du spectacle, alors comme vingt minutes sans pub c'est trop long, les parties sont interrompues régulièrement pour passer des annonces de gros 4x4. Le son est compressé au maximum permettant, à ceux qui en profitent pour se soulager, de ne pas rater la super promotion sur le canapé 12 places payable en 50 versements sans intérêt à partir de 2012. Je me demande bien ce que font les joueurs pendant les annonces.

J'ai souvenir que les gentils ont perdu, mais je ne suis pas sûr, car j'ai décroché à partir de la 3e bière de 850ml. Je m'apprêtais à quitter ce lieu, fier de ne pas trop avoir franchi la limite acceptable pour un retour convenable et sécuritaire, lorsqu'un type, ayant enfin décroché de sa machine à sous, annonce qu'il vient de gagner 650$. Du coup, il paie sa tournée! Cette dernière bière, gentiment offerte, a pesé lourd dans le métro et fait encore un peu mal ce matin. Il va désormais falloir calculer un jour de repos après chaque formation syndicale.

Obéissance Civile 2008 ou le Thoreau par les cornes

C'est l'effervescence, tout le monde s'adonne à une nouvelle activité de saison. Chacun s'est préparé à sa manière: ne pas travailler trop pour ne pas changer de tranche, bien conserver ses tickets d'autobus pour les inclure aux déductions, calculer le montant de médicaments achetés au cours de l'année 2008 pour faire chuter la case fatidique. Les plus malins auront tout placé dans les paradis fiscaux ou réinvesti dans l'armement pour être sûr de ne pas perdre une miette.

Pour nous l'aventure a débuté à la Caisse Desjardins où nous nous sommes procurés les formulaires d'impôts provincial et fédéral avec leurs guides respectifs. Mon aversion incommensurable pour la paperasse paralysa le processus quelques jours, le temps qu'une autre solution se profile. Beaucoup de gens, devant la complexité apparante de l'affaire, font confiance et par conséquent optent pour les services d'un comptable. D'autres profitent du beau temps pour prendre des vacances et consacrent plusieurs heures au remplissage fastidieux de centaines de cases qui n'inspirent que les technocrates.

Nous on a choisi l'option logiciel, qui reporte automatiquement les chiffres dans les bons trous, du moins on l'espère. C'est assez fou d'acheter un programme 39$ + Taxes pour remplir les feuilles d'impôts, mais cela simplifie les choses que le gouvernement a volontairement rendues complexes. Tout le monde est perdu, alors tout le monde paie en silence et sans odeur.

Le point positif dans tout cela, si aucune erreur n'est venue se glisser au milieu des 43 pages envoyées, réparties dans 4 enveloppes, c'est que le gouvernement devrait nous rembourser environ 1000$ de retour d'impôt. Il ne reste plus qu'à attendre la copie-double préremplie venant de France pour boucler le fiscal 2008.

32 ans et 28 dents

Plus je vieillis, plus je m'attache à la vie. Je m'imaginais, dans mes plus jeunes années, mourir à 27 ans comme les grands génies du siècle précédent, Pastorius, Hendrix et compagnie. Finalement, l'anonymat est bien plus confortable, le talent pas indispensable et le temps bien trop court pour savourer toutes les drogues de cette planète.

La neige fond, les plus faibles n'auront pas survécu à la sélection naturelle. La nature fait son travail, sans morale et sans temps mort. Pour ma part, j'ai quelques réserves de graisse au niveau de la ceinture abdominale qui me permette de passer l'hiver sans encombre. Ce réservoir d'énergie, s'entretient efficacement et très facilement grâce à mon amour inconsidéré pour les sucreries et spécialement les gâteaux pleins de crème. Je suis prêt à affronter les hivers les plus rigoureux!

Qui a volé les couleurs?

Cette semaine une nouvelle neige blanche est venue recouvrir le vieux mélange brun étendu sur le sol. Les déchets, soigneusement déposés par les négligeants, les nihilistes, les égoïstes et les citadins allergiques à la nature, commençaient à revivre après cette période d'enfouissement cryogénique sommaire. Un cache misère aussi efficace qu'une subvention gouvernementale pour soigner une crise mondiale; on le sait tous: la merde finit toujours par remonter.

Je rationne mon énergie, chaque sortie, aux allures d'expéditions polaires, ne fait plus le poids avec ma soif de découverte. J'attends la renaissance printanière en profitant au maximum du soleil hivernal. Je vois et j'entends beaucoup de congénères empreints à la déprime saisonnière. Le manque de lumière, le froid, les impôts, la crise économique, engourdisent tous les esprits et viennent à bout de tous ceux qui n'ont pas de billet pour Cuba ou la Floride. L'hiver ici, c'est long et épuisant.

Happy Hour!

Cours de Philo...

Un prof de philo se présente devant la classe avec une série d'objets inhabituels qu'il pose sur son pupitre, face à ses étudiants.
Le silence intrigué de l'assistance étant acquis, le prof prend un grand bocal de cornichons (vide et propre) et commence par le remplir jusqu'au bord supérieur de pierres d'un diamètre situé entre 6 et 7 cm. Cela une fois terminé, il demande à la classe si le bocal est rempli. Les élèves répondent que oui.

Le prof prend alors un sachet rempli de gravillons et le verse dans le bocal. Il agite le tout, pour égaliser, et voila que le gravier remplit tous les espaces encore vides. Après avoir complété cette manipulation, le prof demande une fois encore si le bocal est maintenant bien rempli. La classe répond, hilare et intriguée, que oui.

Le prof se saisit alors d'un petit sac de sable et en verse le contenu dans le bocal. Évidemment, le sable se fraie un passage dans les interstices qui sont encore disponibles, au grand contentement de la classe.

"Voyez-vous", dit le prof en s'adressant à ses étudiants, "j'aimerais que vous compariez ceci à votre propre existence. Les grosses pierres représentent les choses véritablement importantes, comme la famille, le couple, la santé. Ces choses qui font que même si vous perdez tout le reste, votre vie n'en demeurera pas moins remplie. Les gravillons représentent, quant à eux, les choses qui sont importantes, mais non essentielles, comme le travail, la maison, la voiture. Enfin, les grains de sable peuvent être comparés aux choses sans importance. Si vous commencez par mettre le sable dans le bocal, il ne restera plus assez d'espace pour le gravier ou les pierres.
"Il en va de même avec votre vie: si vous gaspillez votre disponibilité et votre énergie pour les petites choses, il ne vous restera jamais assez ni de temps, ni de place pour ce qui est essentiel à votre bonheur. Jouez avec vos enfants, prenez le temps d'être à l'écoute de votre santé, sortez avec votre conjoint, parlez avec vos parents. Il y aura toujours du temps pour réparer l'aspirateur, pour finir un dossier ou laver la voiture. Soignez les grandes pierres en tout premier lieu, ce sont les choses qui comptent vraiment. Le reste n'est que sable qui s'écoule entre vos doigts".

Comme il a raison, comme ce discours est pertinent et élégant ! Mais soudain, voila qu'un étudiant se lève. Il s'approche du pupitre du maître et saisit le bocal, dont chacun s'accordait à dire qu'il était cette fois véritablement totalement rempli. L'étudiant prend un verre de pastis devant tout le monde et en verse tout le contenu dans le bocal. Ainsi, le liquide se disperse harmonieusement dans les espaces qui, à l'évidence, existaient encore dans le fameux bocal.
MORALITÉ: "Aussi remplie que soit ton existence, il y aura toujours de la place pour l'apéro".
Blague trouvée quelque part dans les toilettes de la toile

Rencontre du Troisième "Tip"!


À l'école, ce que je haïssais le plus avec le sport, c'était les mathématiques. La gymnastique numéraire ne m'apportait aucun plaisir et parfois me faisait autant souffrir que les enchaînements, roulade arrière chandelle, infligés aux collégiens de ma génération.

Désormais, je pratique le calcul mental à chaque fois que je savoure une bière dans un bar, déguste un succulent hambourgeois, prends un taxi, passe chez le coiffeur ou commande une pizza livrée.

Le premier exercice imposé est l'ajout au prix affiché de la taxe fédérale (Taxe sur les Produits et Services + Taxe de vente Harmonisé) de 5% et de la taxe provinciale (Taxe de Vente du Québec) 7.5%. Il est important, par exemple, avant de se lancer dans tout calcul, de vérifier si la sauce à l'ail est en supplément de 0.50$ ou bien si la taxe de carburant est comprise dans le prix du colis postal. Une fois bien identifié le montant de base, il est possible de commencer l'exercice en additionnant le premier 5% et ensuite le 7.5% au total prix de base + 5% ; ce qui nous fait une taxe de 12.875%.

J'ai découvert que ces 3 taxes réunies en 2 ne s'appliquaient pas forcément à tous les achats. Si les fruits et légumes sont détaxés et certains autres produits alimentaires également, une voisine m'a affirmé qu'il existait des produits qui, taxés à l'unité, perdaient cette taxe à l'achat en lot. Même armé d'une calculatrice, il est donc impossible de préparer la monnaie à la caisse d'un commerce.

Le deuxième exercice - et le plus difficile à mon goût- est le pourboire.
La Taxe sur les Produits et Services est fédérale, et donc le service, au niveau provincial, n'est pas inclus. Même s'il n'est pas obligatoire, le pourboire est une coutume locale très répandue et appréciée.

Contrairement à l'exercice précédent du calcul TPS/TVQ, le pourboire s'évalue de façon approximative en fonction du service et du lieu où l'on se trouve. Il faut ajouter un nouveau montant qui lui se calcule avec deux facteurs flous: l'appréciation et les us et coutumes locales. Généralement, dans les bars et restaurants, la somme destinée au pourboire est équivalente à la somme des taxes, soit entre 10% et 15%. Dans les autres cas, je ne sais toujours pas comment procéder car la tirelire, toujours en évidence sur le comptoir, ne possède pas de notice. Combien mérite la boulangère pour s'être retournée et m'avoir tendue ma baguette?
Tout le monde me répondra: cela dépend de son tour de poitrine!

Phil a eu peur!

Le 2 février est une date importante pour tous les habitants du nord de l'Amérique. C'est ce jour précis que 3 météorologues de renommée internationale, annoncent la fin ou non de l'hiver.

Il s'agit de Punxsutawney Phil en Pennsylvanie, Wiarton Willie en Ontario et Shubenacadie Sam de Nouvelle-Écosse. La particularité de ces trois spécialistes, c'est que ce sont des marmottes. La plus célèbre est Phil car elle joua dans ce nanar que tout le monde à vu "Un jour sans fin".

Le procédé est simple: si la marmotte sort de son terrier et que le soleil brille, elle retourne immédiatement à l'abri, terrifiée par son ombre. Elle annonce alors 6 semaines de plus d'hiver rigoureux. Si le ciel est nuageux, le printemps arrivera bientôt.

Cette tradition folklorique me rappelle évidemment, Nostradamus et ses vieux dictons genre: s'il pleut à la Saint Médard, fume un pétard et rentre tard. De toute façon, au Québec, on est sûr d'avoir de la neige jusqu'à la Saint Patrick, alors il n'y a pas de marmotte météorologue ici.

Chaque pays a ses traditions, moi j'aurais préféré que tout le monde fasse des crêpes!