L'âge ingrat


Aujourd'hui, dernier jour de travail en bibliothèque avant un week-end bien mérité. Le moment fort du jour, c'est l'entrée d'une adolescente en milieu d'après-midi dans la section des adultes. Bien conforme au modèle du moment, jeans serré, chewing-gum et maquillage outrancier; elle hurle dans son téléphone portable des mots d'une profondeur philosophique abyssale.

C'est le prototype habituel, alors on applique la méthode classique:

- "Pardon mademoiselle, je vous rappelle qu'il est interdit de téléphoner dans la bibliothèque! Merci"

- "OKKKEYYYYYY, je sors"

Quelques minutes plus tard, elle refait son entrée de façon plus discrète. Il fut facile de la reconnaître d'abord avec cette odeur typique de" Malabar" avec laquelle on identifie immédiatement les ados, mais également grâce à son magnifique anorak rose, digne des plus grands moments de la mode des années 80.

Je l'observe attentivement déambuler dans les allées, un peu comme une bille de flipper qui ne sait jamais vraiment quel chemin prendre, mais qui finit toujours par revenir au point de départ.

Cinq bonnes minutes plus tard, elle se dirige vers moi et me demande très poliment:

- " Heu! je cherche un livre... heu! C'est comme... heu! Madame Bo qu'quechose."

- " Madame Bovary!"

- " OUI c'est ÇA! MADAME BOMARI!, Ça doit être un classique. L'auteur c'est Heuu!!"

- " Gustave!"

- " OUI OUI, monsieur Gustave!"

Je lui explique brièvement comment chercher, mais j'abandonne rapidement et décide de l'accompagner vers l'ouvrage de Flaubert, qui ,j'en suis sûr, n'en reviendrait pas de voir ses écrits déchiffrés par ce spécimen rose fluo.

Elle avait l'air ravie de détenir le livre qu'on lui avait imposé en classe, mais l'était beaucoup moins quand je lui annonçai qu'il fallait une carte de membre pour l'emprunter.

Je ne verrai malheureusement pas le dénouement de cette histoire qui devrait se terminer demain, quand elle aura apporter les documents nécessaires à son inscription. Si jamais elle a retenu ce que je lui ai expliqué longuement...

C'est pas facile de vieillir, mais c'est quand même dur d'être un jeune!

Misanthropie Thérapeutique



Je suis déçu, non pas à cause de la défaite de notre équipe syndicale d'opposition, non pas parce que je ne vivrai pas le "rêve américain", non pas parce que je n'aurai pas de cravate à porter; je suis seulement déçu de voir que les fonctionnaires de la ville de Montréal, à l'image des Québécois, des Italiens, des Français ou des autres, que ces gens ne sont pas allés voter alors qu'une alternative s'offrait à eux. 32%, c'est exactement de même taux de participation qu'aux élections précédentes, où il n'y avait pas d'équipe d'opposition. Cherchons l'erreur!

Blotti dans le fond de son terrier, on attend. La crise fait peur. Tout changement alimente la terreur qui aveugle et abuse les plus naïfs en leur faisant croire que cela peut être pire. Alors tout le monde attend que cela passe en ressassant inlassablement qu'après la pluie le soleil brillera. Harper réélu, Berlusconi réélu, Sarko c'est pour bientôt... Un vieux vent de conservatisme souffle encore dans les têtes, vidées par les médias consentants. Les plus actifs d'entre nous, ceux que la misère n'a pas engloutis, élaborent un plan pour sauver leur compte d'épargne en dénonçant leur voisin de galère pour éliminer la concurrence.

Et moi, je fais quoi dans ce bordel? Évidemment, je ne suis pas seul, et puis ma naïveté idéologique, c'est mon point de repère dans cette jungle. Alors le combat continu, à mon échelle. Je vais me battre, d'abord contre mon patron qui ne cesse de couper nos heures alors qu'il s'enrichit, et ensuite et surtout contre notre exécutif syndicale, symbole même de l'immobilisme et de la médiocrité qui frise la grosse connivence patronale.

EN LUTTE!

Élections

J'ai délaissé mon blog depuis quelques temps, mais j'ai bien évidemment des circonstances atténuantes.

D'abord, j'ai mon travail à la bibliothèque qui occupe 24 heures de mon temps par semaine. Là, vous vous gaussez, vous qui travaillez désormais plus pour gagner plus!

Il s'ajoute à ces heures de travail, mes activités syndicales de délégué, mais surtout ma candidature au poste de vice-président de la plus grosse section locale du Québec qui représente 10574 fonctionnaires de Montréal. Et oui, si je suis élu, je deviendrai une énième incarnation du rêve américain. Les élections sont dans 11 jours exactement et la guerre est lancée. Voyez par vous même :

Je vous laisse, je me dois d'aller sur le champs serrer des mains et embrasser des bébés...