Cerveau : erreur 404

Cela fait déjà quelques mois que j'ai repris l'école, et ce n'est que maintenant que j'essaie de véritablement retourner dans mes souvenirs pour savoir si les cours que je suivais à l'université au siècle dernier étaient différents de ceux auxquels j'assiste aujourd'hui.

Outre le fait que je sois dans un pays différent, force est de constater que durant les dix années de mon absence scolaire, la technologie a évolué. Malgré le fait que les arts et sciences humaines n'aient pas beaucoup d'intérêt dans l'esprit de la société capitaliste, l'université de Montréal a tout de même choisi d'offrir un petit rajeunissement aux départements de ces disciplines.

Chaque amphithéâtre possède encore son tableau « noir » de couleur verte, mais, depuis peu, des écrans électriques font automatiquement leur apparition à la connexion d'un ordinateur. Magie de la modernité, la lumière s'adapte aussitôt, et telle une épiphanie, le parterre d'étudiants baisse généralement le volume sonore de son bavardage, apportant un effet spirituel au rite de la descente de la toile.

Jeudi dernier, les deux personnes qui donnent généralement le cours que je suis cette session, ont invité un conférencier qui n'est autre que le précédent chargé de cours. Généralement, la veille d'un cours, je télécharge depuis chez moi les notes disponibles sur mon espace personnel disponible sur le portail de l'université. La plupart du temps, il s'agit de fichier PDF proposant les vignettes du fichier « Power-Point » qui sera déroulé durant le cours. Cette fois-ci, le conférencier, la cinquantaine bien tassée, n'avait fourni qu'une feuille recto verso comme documentation accompagnatrice.

Malgré cela, la représentation à laquelle j'ai assisté fut très intéressante, car elle sonnait de manière singulièrement différente. Le constat le plus évident est qu'il m'a fallu écouter plus que regarder, me concentrer pour essayer de comprendre le plan du cours et non le voir défiler pré-mâché sous mes yeux. La prestation devenait vivante et tout le monde était pendu aux lèvres du vieux routard de l'enseignement - tout cela avec l'écran magique resté bien enroulé au plafond. Cela m'a rappelé les cours du siècle dernier, ceux que je suivais en littérature.

Le « Power-Point » est un outil remarquable pour accompagner un discours mais il devient insupportable quand il se substitue au présentateur. Utilisé dans toutes les sphères de la société et à toutes les sauces, il remet en question notre façon de penser. En termes de communication commerciale ou d'animation, le contenu laisse souvent la place au décor, au spectacle des vignettes colorées qui glissent sur des cerveaux en mode passif. « La pensée Power-Point » rend-t-elle stupide ? Certains se sont penchés sur la question ; moi, je m'interroge sur l'avenir.