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Papier d'identité

Support ADN

Le 27 octobre 1940, c'est la date de naissance de la carte d'identité française. Merci maréchal, grâce à toi, tout le monde en France doit porter sa carte et être prêt à fournir ses informations personnelles à un quelconque représentant de l'ordre public désireux de les vérifier. Quelle joie d'entendre l'agent vous sussurer tendrement à l'oreille : « VOS PAPIERS! ».

Au Québec, la carte d'identité n'existe pas. Il n'est donc pas nécessaire de trimbaler ses papiers sur soi. Pas d'angoisse avec la machine à laver, cette grande tueuse de carte.
La loi oblige cependant à décliner son identité lors de contrôles et bien sûr la technologie actuelle permet de vérifier les informations aisément.

Le hic, c'est que l'on nous demande une preuve d'identité pour réaliser beaucoup de tâches quotidiennes (retrait à la banque, achat d'alcool (+18), retrait de colis postal, inscription en bibliothèque...). Alors, comment fait-on?

La carte d'identité est un document officiel sur lequel figure  la photo de son propriétaire : le permis de conduire, la carte d'assurance maladie pour les personnes majeures ou le passeport.

Libre à toi de porter tes papiers!

Fantaisie Québécoise


Voici un épisode de "Pure Laine": une série télévisée québécoise datant de 2005 qui malheureusement n'a duré que deux saisons.

L'expression "Pure Laine" est utilisée au Québec, pour désigner les "québécois de souche". Moi, je l'aime bien cette expression, car la référence au mouton s'adapte bien à cette idée de pureté.

Cette série humoristique met en scène un immigrant haïtien, sa compagne de souche et leur fille chinoise adoptée. Chaque épisode souligne une caractéristique
du peuple de la belle province, avec beaucoup d'intelligence et de finesse.

J'ai découvert cette série tout juste avant de venir m'installer à Montréal et aujourd'hui, deux ans plus tard, je m'en délecte encore.

L'Empire en Pire

Voilà 40 ans déjà qu'un humain a déposé le pied et sûrement beaucoup de déchets sur la lune. Depuis, personne n'y est repassé pour nettoyer ou pour pousser la merde du côte obscur.

Par chance pour les médias, cet événement coïncide parfaitement avec l'envolée de 2 spationautes Canadiens pour la station internationale. Les informations pleuvent: grande première 2 Canadiens dans l'espace, 13 personnes en même temps dans la station, un des Canadiens est Julie Paillette; Julie est Québécoise; Julie est la seule femme à bord; elle sera pilote de vaisseau; elle commandera le bras robotisé, Julie est extraordinaire, Julie on t'aime, Julie fait la couverture de tous les journaux. FORMIDABLE!

Je ne tiens pas à minimiser l'exploit qu'elle a réalisé, mais je me pose juste une question: comment s'appelle l'autre Canadien?

On s'en fout, car on est heureux d'apprendre que le support du pied de la capsule qui, il y a 40 ans, a aluni, a été conçu par un ingénieur Québécois.

À vrai dire rien de bien anormal à vouloir s'identifier à un groupe social ou culturel, à défendre son bout de gras. 7 millions de Québécois, cela fait moins que Paris et ses banlieues, mais c'est pas une raison pour passer sous silence ou presque, un attentat en Irak, un massacre au Nigéria, un coup d'état au Honduras, une élection en Iran...

Le Pas du Vice

Je suis nostalgique de la vie toulousaine, où chaque dimanche nous partions en expédition avec notre sac à dos, butiner les différents étals garnis de produits locaux succulents. On passait du maraîcher au laitier, du boucher au vendeur d'œufs, de champignons, de vin, de miel ou de macarrons maison; partageant un petit moment privilégié avec chacun de ces artisans fiers de leur produit.

À Montréal, il existe le marché "Jean Talon" où l'on peut retrouver ce genre d'ambiance dans un décor à la taille de la ville. Le prix n'est pas beaucoup plus élevé qu'ailleurs et les denrées locales foisonnent tout autour de ce marché situé au coeur du quartier de la "Petite Italie".

C'est à peu près 40 minutes de transport en commun qui nous séparent de cet eldorado que nous fréquentons occasionnellement, quand le temps est de la partie et que le courage alimente notre volonté d'agiter nos papilles gustatives rouillées par les saveurs du supermarché.

C'est au supermarché d'à côté que nous garnissons généreusement notre réfrigérateur de viande hachée sous cellophane, de fromage parallépipédique qui ne mérite pas cette appellation ou de légumes irradiés, incapables de mourir, même après 2 mois passés à l'air libre. Nous retrouvons les joies de déambuler dans les rayons, où les emballages savoureux et accrocheurs ne sont là que pour masquer l'indéniable uniformatisation des goûts. La mascarade publicitaire est la même partout et malheureusement, nous la cautionnons chaque semaine.

Lors de notre dernière visite au temple de la consommation, nous avons eu la chance d'être interpellé par une sorte de camelot du rayon bière. Par habitude, je fuis ce genre de dégustation qui ne fait que prolonger ma présence dans ce lieu, générant chez moi un stress latent patent. Devant l'insistance de la vendeuse et l'appel de ma curiosité, je me suis laissé aller à une nouvelle expérience. L'étal contenait différentes bouteilles translucides laissant apparaître un liquide qui ne l'était pas moins. De chaque côté de la table, des seaux à champagne remplis de glace trônaient au dessus de pack de bière de couleur rouge sang.

- "Le produit "Boris" est fabriqué à Laval (banlieue nord de Montréal)" se targue tout de suite la vendeuse.

Je fus instantanément conquis à l'idée de découvrir un produit local dans des bouteilles qui me rapellaient vaguement quelque chose. Elle m'annonce que le liquide transparent est un "cooler": une boisson composée d'un alcool, de soda et d'un sirop pour arômatiser de tout. Le mélange des ingrédients dans mon cerveau provoca immédiatement l'emergence du souvenir des premières cuites et l'arrière goût de vomi qui venait de se manifester me força à décliner l'invitation de dégustation. Notre hôtesse rebondit, et nous proposa de goûter la bière "Boris", en nous annonçant fièrement que les bouteilles étaient importées d'Alsace.

Loin de toucher ma fibre patriotique, je me lancai dans l'absorption de la dite bière et d'un seul coup tout s'éclaira. Le goût fade d'une "Valstar", le tout dans une petite bouteille trapue en forme de suppositoire : je fis un bond dans le temps. Durant plusieurs années de jeunesse, je me saoulais avec de la bière de maçon du genre "33 export" ou "Kro" pour finalement retrouvé au pays de la bière une entreprise qui s'éfforce de copier cette abomination houblonneuse.

Ce n'est que par politesse que j'acceptai de goûter la dernière trouvaille de cette compagnie : une bière de 500 ml à 2.25 dollars avec, inscrit dessus, le pourcentage d'alcool du brevage, 8.6%. L'image de tous ces S.D.F que j'ai vu faire la queue au "LIDL" pour se procurer de la 8.6% me revint instantanément en tête.

J'ai bien l'impression que l'on n'a pas fini de voir ces canettes rouges dans la rue... ou dans la cour des Lavalois se targuant d'avoir le plus gros barbecue du quartier!

Le "marronnier" de l'érable

Si l'on habite au Québec, on entend, on voit, goûte le sirop d'érable, c'est un produit local symbolique car 75% de la production mondiale provient de cette province.

Pour faire du sirop, il faut d'abord récupérer l'eau d'érable, qui est en fait la sève brute de l'arbre. Les acériculteurs entaillent chaque arbre avec une sorte de cannelle permettant à la sève de s'écouler dans une chaudière. Cette technique artisanale, qui daterait de l'époque amérindienne, est plus rare aujourd'hui. Désormais, les érables sont perfusés avec des tuyaux reliés entre-eux jusqu'à un gros réservoir. Le dur labeur de récupération de chaque chaudière est ainsi évité et le rendement optimisé.

La récolte se déroule en avril, au moment où la température nocturne est négative et celle du jour au dessus de 0°C. Au printemps, l'arbre produit plus de sève pour développer ses bourgeons, mais d'une année à l'autre, le rendement varie.

Pour obtenir un litre de précieux sirop d'érable, l'acériculteur fait bouillir entre 35 et 40 litres de sève brute en évaporant une quantité précise d'eau. C'est un chimiste qui doit jouer avec le thermomètre et l'hydromètre pour que le sucre contenu dans l'eau d'érable se transforme en sirop et ne se cristallise pas.

Pour ma part, je mange peu de ce sirop; d'abord parce qu'il est cher, dû aux 4 dernières années de mauvais rendement et ensuite, parce que je ne sais pas trop comment l'utiliser.

Vers l'intégration

Première véritable initiation au hockey sur glace hier soir durant une réunion officieuse avec mon directeur syndical. Rendez-vous à 19h00 dans un bar au décor fonctionnel: " La Québécoise". Avec la série de drapeaux aux couleurs de l'équipe des Canadiens de Montréal alignés au-dessus des vitres teintées, je ne pouvais pas me tromper d'adresse. À l'intérieur, comme toujours, tout est énorme, un comptoir central en "u", des loteries vidéos dans le fond gauche, un sofa Ikea dans un coin et l'écran géant face à de nombreuses tables et chaises au confort acceptable. Ambiance prolétaire, parfait pour goûter à l'opium local.

La lumière tamisée permet de se concentrer sur l'autel lumineux drapé encore une fois de la marque des Canadiens. Le son Dolby 7.1 surplombe le volume sonore de la vingtaine de supporters présents pour la grande messe. Pas facile de déchiffrer les caractères du dossier syndical, mais le lieu est plutôt agréable pour une nouvelle expérience.

Tout le monde boit de la bière de base assez fade accompagnée parfois de frites ou de pizza. La coutume veut que l'on ajoute un peu de sel pour enlever l'amertume, mais cette subtilité n'a pas séduit mon palais. Pour nous, c'est Black Label, sans sel, celle que tous les gauchistes buvaient dans les années 70. Pierre, mon mentor, ne jure que par cette marque de fabrique, comme une distinction que seuls les soixante-huitards repèrent.

La première leçon de hockey commence par les règles du jeu et le vocabulaire de base:

la crosse = le bâton ou le hockey
la cage = le but
le palet = la puck
la prison = le banc des punissions
marquer = scorer

la ligne rouge = milieu de terrain
les lignes bleues = les lignes de hors-jeu

Hier soir, les blancs c'étaient les bons et les rouges les méchants. La taille de l'écran m'a permis de visualiser la "puck" voler à droite et à gauche, ce qui est impossible sur une télé normale,étant donnée la vitesse de jeu de ce sport. Un match dure trois fois vingt minutes de jeu effectif, mais vu le nombre hallucinant de pauses publicitaires, il faut bien 3 heures devant soit pour voir un match au complet. L'Amérique, c'est du spectacle, alors comme vingt minutes sans pub c'est trop long, les parties sont interrompues régulièrement pour passer des annonces de gros 4x4. Le son est compressé au maximum permettant, à ceux qui en profitent pour se soulager, de ne pas rater la super promotion sur le canapé 12 places payable en 50 versements sans intérêt à partir de 2012. Je me demande bien ce que font les joueurs pendant les annonces.

J'ai souvenir que les gentils ont perdu, mais je ne suis pas sûr, car j'ai décroché à partir de la 3e bière de 850ml. Je m'apprêtais à quitter ce lieu, fier de ne pas trop avoir franchi la limite acceptable pour un retour convenable et sécuritaire, lorsqu'un type, ayant enfin décroché de sa machine à sous, annonce qu'il vient de gagner 650$. Du coup, il paie sa tournée! Cette dernière bière, gentiment offerte, a pesé lourd dans le métro et fait encore un peu mal ce matin. Il va désormais falloir calculer un jour de repos après chaque formation syndicale.

Rencontre du Troisième "Tip"!


À l'école, ce que je haïssais le plus avec le sport, c'était les mathématiques. La gymnastique numéraire ne m'apportait aucun plaisir et parfois me faisait autant souffrir que les enchaînements, roulade arrière chandelle, infligés aux collégiens de ma génération.

Désormais, je pratique le calcul mental à chaque fois que je savoure une bière dans un bar, déguste un succulent hambourgeois, prends un taxi, passe chez le coiffeur ou commande une pizza livrée.

Le premier exercice imposé est l'ajout au prix affiché de la taxe fédérale (Taxe sur les Produits et Services + Taxe de vente Harmonisé) de 5% et de la taxe provinciale (Taxe de Vente du Québec) 7.5%. Il est important, par exemple, avant de se lancer dans tout calcul, de vérifier si la sauce à l'ail est en supplément de 0.50$ ou bien si la taxe de carburant est comprise dans le prix du colis postal. Une fois bien identifié le montant de base, il est possible de commencer l'exercice en additionnant le premier 5% et ensuite le 7.5% au total prix de base + 5% ; ce qui nous fait une taxe de 12.875%.

J'ai découvert que ces 3 taxes réunies en 2 ne s'appliquaient pas forcément à tous les achats. Si les fruits et légumes sont détaxés et certains autres produits alimentaires également, une voisine m'a affirmé qu'il existait des produits qui, taxés à l'unité, perdaient cette taxe à l'achat en lot. Même armé d'une calculatrice, il est donc impossible de préparer la monnaie à la caisse d'un commerce.

Le deuxième exercice - et le plus difficile à mon goût- est le pourboire.
La Taxe sur les Produits et Services est fédérale, et donc le service, au niveau provincial, n'est pas inclus. Même s'il n'est pas obligatoire, le pourboire est une coutume locale très répandue et appréciée.

Contrairement à l'exercice précédent du calcul TPS/TVQ, le pourboire s'évalue de façon approximative en fonction du service et du lieu où l'on se trouve. Il faut ajouter un nouveau montant qui lui se calcule avec deux facteurs flous: l'appréciation et les us et coutumes locales. Généralement, dans les bars et restaurants, la somme destinée au pourboire est équivalente à la somme des taxes, soit entre 10% et 15%. Dans les autres cas, je ne sais toujours pas comment procéder car la tirelire, toujours en évidence sur le comptoir, ne possède pas de notice. Combien mérite la boulangère pour s'être retournée et m'avoir tendue ma baguette?
Tout le monde me répondra: cela dépend de son tour de poitrine!

Phil a eu peur!

Le 2 février est une date importante pour tous les habitants du nord de l'Amérique. C'est ce jour précis que 3 météorologues de renommée internationale, annoncent la fin ou non de l'hiver.

Il s'agit de Punxsutawney Phil en Pennsylvanie, Wiarton Willie en Ontario et Shubenacadie Sam de Nouvelle-Écosse. La particularité de ces trois spécialistes, c'est que ce sont des marmottes. La plus célèbre est Phil car elle joua dans ce nanar que tout le monde à vu "Un jour sans fin".

Le procédé est simple: si la marmotte sort de son terrier et que le soleil brille, elle retourne immédiatement à l'abri, terrifiée par son ombre. Elle annonce alors 6 semaines de plus d'hiver rigoureux. Si le ciel est nuageux, le printemps arrivera bientôt.

Cette tradition folklorique me rappelle évidemment, Nostradamus et ses vieux dictons genre: s'il pleut à la Saint Médard, fume un pétard et rentre tard. De toute façon, au Québec, on est sûr d'avoir de la neige jusqu'à la Saint Patrick, alors il n'y a pas de marmotte météorologue ici.

Chaque pays a ses traditions, moi j'aurais préféré que tout le monde fasse des crêpes!

En Français Dans Le Texte!

Mon immigration dans un pays francophone me confronte à de nouvelles interrogations. En France, la standardisation de la langue française, dirigée à Paris depuis Richelieu n'est pas remise en question. Les Corses, les Bretons, les Basques et les autres parlent leur langue et le français. Même si quelques régionalismes sont employés ici ou là, les institutions et les médias se réfèrent aux dictionnaires parisiens qui font office de norme.

Au Québec, le français a une autre histoire. D'abord, les premiers colons arrivèrent avec leur langue d'oil et leur patois au milieu du 16e siècle. Ils unifièrent leur patois en le mélangeant à la langue des Amérindiens et l'adaptèrent à leur géographie et au climat qui étaient bien différents de la métropole. Au 17e siècle, le Roi de France envoya des femmes, souvent orphelines, et issues de milieux modestes afin de peupler la petite colonie de la Nouvelle-France. Puis en 1759, les Anglais s'emparèrent de la colonie, mettant un terme à l'influence du français de métropole.

C'est donc à partir de ce moment que naît le français québécois. Issu du français du 18e populaire de France, il évoluera avec de nouvelles influences anglaises tout en conservant de vieux archaïsmes. Le français, parlé par les "petites gens" survécu à l'Empire Britannique, puis à la création de la fédération canadienne en 1867. La province du Québec marquera sa différence en promulguant en 1977 la fameuse "charte de la langue française" dite "loi 101" faisant du français la seule langue officielle de la province.

Aujourd'hui au Québec, 90% de la population parle français, mais lequel? Dans cette province, la question de la langue est fondamentale car elle est le pilier de la culture et surtout de l'identité québécoise. Deux écoles s'affrontent pour fixer les règles de cette langue, avec leur propre dictionnaire: les endogénistes et les exogénistes. Les premiers, plus influents et plus présents dans les institutions prônent un québécois authentique qui, avec ses propres règles, fonde l'identité québécoise; les autres sont pour un français standard afin d'éviter l'isolement et d'assurer son existence. Ici un tableau plus précis.

Je comprends les positions de chacune des écoles, mais à mon avis le problème est un peu déplacé. Je constate tous les jours, dans la rue, dans les médias et même dans les discours politiques que la structure linguistique ou la syntaxe empêche parfois de comprendre le sens d'une phrase, si jamais il y en a un. De plus, le vocabulaire assez pauvre de la population, la situation géographique, la situation socio-économique ou l'immigration allophone ne jouent pas en faveur de la survie du français. Je m'exerce pour ne pas être le snobinard français, le "Bescherelle" à la main, prêt à bondir sur le moindre écart au langage parisien, mais le français québécois risque de devenir de plus en plus isolé dans le monde francophone.

Le Père Noël se dégonfle

C'est encore et toujours la température qui occupe mon esprit à cette heure. Après les -20°C du milieu de semaine, le mercure s'invite, comme en souvenir du printemps, à la dixième trace au dessus du 0°C de mon thermomètre. Dame Nature nous a gratifié,certainement en hommage au 100e anniversaire de l'équipe montréalaise de hockey sur glace, d'une nouvelle patinoire de qualité exceptionnelle. Deuxième sortie de piste pour les crampons qui vont peut-être finir par être mes amis. Ce soir on a même droit à un bonus vent de 85 km/h qui nous souffle à l'oreille que Noël n'est pas la bonne saison pour le camping.

Noël est terminé, personne n'a échappé à la traditionnelle dinde, également à la mode outre-atlantique. Abondance de nourriture, de vin, de cadeaux ; de l'extra loin de l'ordinaire. Noël c'est aussi l'occasion de se saluer plus chaleureusement qu'à l'habitude avec mes camarades fonctionnaires. Ici on a droit à un bisou de Noël avec la gente féminine et à une poignée de main vigoureuse de la part des collègues mâles. Cette occasion spéciale me rappelle soudain qu'ici on dit généralement bonjour à 1 mètre de distance, sans aucun contact physique. Plus le soleil brille, plus les gens sont chaleureux et ici le soleil se couche à 16h00 avec des températures plus basses que la plupart des congélateurs.

Enfin Noël a une durée particulière en Amérique du nord. La naissance de Jésus célébrée le 25 décembre ne contente pas complétement tous les croyants du dieu dollar. Il existe donc, pour tous les friands de crédit à la consommation, les allumés de la libération par le shopping, une journée bonus, fêtée avec beaucoup de dévotion, j'ai nommé le "Boxing Day". Une journée exceptionnelle de solde au milieu des soldes exceptionnels de Noël. Cette mise en abîme du portefeuille a tellement de succès qu'apparemment elle dure une semaine, jusqu'au fameux 31 décembre, autre unique occasion de relancer l'économie.

Bonjour Gros Con!

La taille démesurée du pays m'a toujours un peu fasciné. Tout est énorme en Amérique du nord, les routes, les appartements, les assiettes, les poubelles, les camions, les télévisions, les gens et les appareils électroménagers, auxquels j'apporte toujours un regard particulier en raison du temps que j'ai passé à les observer. Tout est ainsi proportionné ou disproportionné comme pour aspirer plus d'objets inutiles et accumuler indéfiniment du matériel, à tout prix et surtout à crédit. Je consomme donc je suis, restera le mot d'ordre de tout citoyen désireux de sauvegarder son identité au sein de son groupe social.

Pour faire partie de ce groupe, j'ai observé une règle de base, un comportement essentiel à son intégration. En aucun cas, on ne doit prononcer le mot bonjour, particulièrement aux inconnus, même s'il s'agit d'un voisin ou d'une personne que l'on croise régulièrement. Je ne me considère pourtant pas comme un fidèle apôtre du manuel de savoir vivre de madame de Rothschild, mais mon éducation m'a inculqué que l'acte le plus élémentaire de respect envers un autre être humain, commençait inévitablement par le salut.

J'étais loin d'imaginer que cette coutume locale aurait un impact sur mes voisins arabes ou africains, lesquels je pensais, pratiquaient le salut de manière parfois exagérée. Qu'il soit blanc, noir ou bronzé, j'ai vérifié la même réaction chez chacun d'entre eux. Un simple bonjour peut générer un regard interrogatoire instantané, pétrifiant sur place le destinataire, lui paralysant la bouche légèrement ouverte et expulsant les yeux vers l'avant, marquant la stupéfaction ultime. Le coup assomme généralement deux ou trois secondes, puis l'individu referme la mâchoire inférieure et reprend son activité, comme s'il avait été frappé d'amnésie.

À chaque fois, j'ai l'impression que ce court moment hors du temps n'a jamais existé et qu'il appartient à une dimension parallèle. Peut-être un extra-terrestre pratique le nettoyage cérébrale instantané à chaque fois que la fréquence du mot bonjour résonne. D'où vient cette coutume? Depuis combien de temps sévit-elle? Vais-je moi aussi me résigner et adopter cette pratique?