
Pour faire partie de ce groupe, j'ai observé une règle de base, un comportement essentiel à son intégration. En aucun cas, on ne doit prononcer le mot bonjour, particulièrement aux inconnus, même s'il s'agit d'un voisin ou d'une personne que l'on croise régulièrement. Je ne me considère pourtant pas comme un fidèle apôtre du manuel de savoir vivre de madame de Rothschild, mais mon éducation m'a inculqué que l'acte le plus élémentaire de respect envers un autre être humain, commençait inévitablement par le salut.
J'étais loin d'imaginer que cette coutume locale aurait un impact sur mes voisins arabes ou africains, lesquels je pensais, pratiquaient le salut de manière parfois exagérée. Qu'il soit blanc, noir ou bronzé, j'ai vérifié la même réaction chez chacun d'entre eux. Un simple bonjour peut générer un regard interrogatoire instantané, pétrifiant sur place le destinataire, lui paralysant la bouche légèrement ouverte et expulsant les yeux vers l'avant, marquant la stupéfaction ultime. Le coup assomme généralement deux ou trois secondes, puis l'individu referme la mâchoire inférieure et reprend son activité, comme s'il avait été frappé d'amnésie.
À chaque fois, j'ai l'impression que ce court moment hors du temps n'a jamais existé et qu'il appartient à une dimension parallèle. Peut-être un extra-terrestre pratique le nettoyage cérébrale instantané à chaque fois que la fréquence du mot bonjour résonne. D'où vient cette coutume? Depuis combien de temps sévit-elle? Vais-je moi aussi me résigner et adopter cette pratique?
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