Le Cas Nular!

Pas de grand thème majeur à développer pour cette fois. Juste un petit arrêt sur la journée de congé d'aujourd'hui, 1er avril, la journée de la blague. Pour moi, il s'agit de mon week-end, puisse que le dimanche, au grand dam de Monseigneur Turcotte, je travaille.

Au lever, rien ne laissait présager que la pluie accompagnerait les poissons d'avril, mais elle a vite apparu, comme pour nous décourager de sortir du cosy chez soi. Depuis quelques jours, la température stagne au dessus de 0°C, la neige a totalement disparu et l'on retrouve les belles odeurs du printemps et les moins bonnes aussi, comme celle de la mouffette.

Pas mal en forme après l'absorption d'un petit déjeuner copieux, communément appelé "déjeuner" ici, je me décide à affronter le mauvais temps et à braver l'arrogance des automobilistes montréalais. Seule mission au programme de la journée, récupérer des informations aux archives de la ville de Montréal.

Participant actuellement à l'élaboration d'un dossier syndical "Top Secret", j'avais tout préparé méticuleusement, afin que rien ne vienne faire obstacle à mon enquête. L'objectif est simple, récupérer le budget total de la ville de Montréal de 1999 à 1989. J'ai précédemment téléphoné et on m'a confirmé que je trouverais ces informations au bureau R108 de l'Hôtel de Ville, ouvert de 8h30 à 16h30.

Vers 14h00, je franchis la porte du magnifique bâtiment. Le marbre, le plafond, les boiseries et dorures, tout est à la hauteur du prestige que peut représenter une mairie de grande ville. L'agent de sécurité est sympathique, le second également et enfin derrière la porte apparaît l'archiviste, affairé à servir des vieilles dames qui doivent faire des recherches généalogiques. Notre homme est seul pour servir les quatres âmes venues se perdre ici ; je lui fais signe que je ne suis pas pressé, car notre affaire devrait être vite réglée.

Et non! Quinze minutes plus tard, c'est mon tour et je lui fais part de ma requête toute bête: je désire avoir le budget de la Ville de 1989 à 1999, c'est facile, chaque année la ville fait un catalogue qui s'appelle budget. Le type, très professionnel, commence alors ses recherches sur un ordinateur; je le laisse tranquille car à ce moment là, je ne sais plus s'il finit une recherche précédente ou bien s'il s'occupe de mon cas. Après quelques minutes, il m'informe qu'il doit descendre au sous-sol pour me trouver les volumes et il remonte quelques instants plus tard avec 1991 et 1992. "Yes!" Je sens que je touche au but. Il retourne à l'ordinateur et "paf!", dix minutes après, il revient avec 1996, 1997 et 1998. Je suis assez content : je trouve rapidement les informations (en fait, c'est Karibou qui les trouve rapidement !) que je cherchais. Ma mission est sur le point d'achever...

Le temps passe et monsieur l'archiviste tape toujours sur son ordinateur, et cette fois il confirme qu'il est à la recherche des budgets de la ville. À 15h30, il renonce et m'informe qu'il approfondira ses recherches le lendemain afin de trouver les autres dossiers. Les bras m'en tombent!

Il m'a bien fallu deux minutes pour comprendre que les dossiers "budget de Montréal", ne sont pas classé au même endroit par année.

Suite au prochain épisode... le dossier CHUM (Centre Hospitalier de l'Université de Montréal).

Vers l'intégration

Première véritable initiation au hockey sur glace hier soir durant une réunion officieuse avec mon directeur syndical. Rendez-vous à 19h00 dans un bar au décor fonctionnel: " La Québécoise". Avec la série de drapeaux aux couleurs de l'équipe des Canadiens de Montréal alignés au-dessus des vitres teintées, je ne pouvais pas me tromper d'adresse. À l'intérieur, comme toujours, tout est énorme, un comptoir central en "u", des loteries vidéos dans le fond gauche, un sofa Ikea dans un coin et l'écran géant face à de nombreuses tables et chaises au confort acceptable. Ambiance prolétaire, parfait pour goûter à l'opium local.

La lumière tamisée permet de se concentrer sur l'autel lumineux drapé encore une fois de la marque des Canadiens. Le son Dolby 7.1 surplombe le volume sonore de la vingtaine de supporters présents pour la grande messe. Pas facile de déchiffrer les caractères du dossier syndical, mais le lieu est plutôt agréable pour une nouvelle expérience.

Tout le monde boit de la bière de base assez fade accompagnée parfois de frites ou de pizza. La coutume veut que l'on ajoute un peu de sel pour enlever l'amertume, mais cette subtilité n'a pas séduit mon palais. Pour nous, c'est Black Label, sans sel, celle que tous les gauchistes buvaient dans les années 70. Pierre, mon mentor, ne jure que par cette marque de fabrique, comme une distinction que seuls les soixante-huitards repèrent.

La première leçon de hockey commence par les règles du jeu et le vocabulaire de base:

la crosse = le bâton ou le hockey
la cage = le but
le palet = la puck
la prison = le banc des punissions
marquer = scorer

la ligne rouge = milieu de terrain
les lignes bleues = les lignes de hors-jeu

Hier soir, les blancs c'étaient les bons et les rouges les méchants. La taille de l'écran m'a permis de visualiser la "puck" voler à droite et à gauche, ce qui est impossible sur une télé normale,étant donnée la vitesse de jeu de ce sport. Un match dure trois fois vingt minutes de jeu effectif, mais vu le nombre hallucinant de pauses publicitaires, il faut bien 3 heures devant soit pour voir un match au complet. L'Amérique, c'est du spectacle, alors comme vingt minutes sans pub c'est trop long, les parties sont interrompues régulièrement pour passer des annonces de gros 4x4. Le son est compressé au maximum permettant, à ceux qui en profitent pour se soulager, de ne pas rater la super promotion sur le canapé 12 places payable en 50 versements sans intérêt à partir de 2012. Je me demande bien ce que font les joueurs pendant les annonces.

J'ai souvenir que les gentils ont perdu, mais je ne suis pas sûr, car j'ai décroché à partir de la 3e bière de 850ml. Je m'apprêtais à quitter ce lieu, fier de ne pas trop avoir franchi la limite acceptable pour un retour convenable et sécuritaire, lorsqu'un type, ayant enfin décroché de sa machine à sous, annonce qu'il vient de gagner 650$. Du coup, il paie sa tournée! Cette dernière bière, gentiment offerte, a pesé lourd dans le métro et fait encore un peu mal ce matin. Il va désormais falloir calculer un jour de repos après chaque formation syndicale.

Obéissance Civile 2008 ou le Thoreau par les cornes

C'est l'effervescence, tout le monde s'adonne à une nouvelle activité de saison. Chacun s'est préparé à sa manière: ne pas travailler trop pour ne pas changer de tranche, bien conserver ses tickets d'autobus pour les inclure aux déductions, calculer le montant de médicaments achetés au cours de l'année 2008 pour faire chuter la case fatidique. Les plus malins auront tout placé dans les paradis fiscaux ou réinvesti dans l'armement pour être sûr de ne pas perdre une miette.

Pour nous l'aventure a débuté à la Caisse Desjardins où nous nous sommes procurés les formulaires d'impôts provincial et fédéral avec leurs guides respectifs. Mon aversion incommensurable pour la paperasse paralysa le processus quelques jours, le temps qu'une autre solution se profile. Beaucoup de gens, devant la complexité apparante de l'affaire, font confiance et par conséquent optent pour les services d'un comptable. D'autres profitent du beau temps pour prendre des vacances et consacrent plusieurs heures au remplissage fastidieux de centaines de cases qui n'inspirent que les technocrates.

Nous on a choisi l'option logiciel, qui reporte automatiquement les chiffres dans les bons trous, du moins on l'espère. C'est assez fou d'acheter un programme 39$ + Taxes pour remplir les feuilles d'impôts, mais cela simplifie les choses que le gouvernement a volontairement rendues complexes. Tout le monde est perdu, alors tout le monde paie en silence et sans odeur.

Le point positif dans tout cela, si aucune erreur n'est venue se glisser au milieu des 43 pages envoyées, réparties dans 4 enveloppes, c'est que le gouvernement devrait nous rembourser environ 1000$ de retour d'impôt. Il ne reste plus qu'à attendre la copie-double préremplie venant de France pour boucler le fiscal 2008.

32 ans et 28 dents

Plus je vieillis, plus je m'attache à la vie. Je m'imaginais, dans mes plus jeunes années, mourir à 27 ans comme les grands génies du siècle précédent, Pastorius, Hendrix et compagnie. Finalement, l'anonymat est bien plus confortable, le talent pas indispensable et le temps bien trop court pour savourer toutes les drogues de cette planète.

La neige fond, les plus faibles n'auront pas survécu à la sélection naturelle. La nature fait son travail, sans morale et sans temps mort. Pour ma part, j'ai quelques réserves de graisse au niveau de la ceinture abdominale qui me permette de passer l'hiver sans encombre. Ce réservoir d'énergie, s'entretient efficacement et très facilement grâce à mon amour inconsidéré pour les sucreries et spécialement les gâteaux pleins de crème. Je suis prêt à affronter les hivers les plus rigoureux!