Pathologie Patibulaire

Une semaine déjà que je traîne mes microbes dans des mouchoirs en papier, d'épaisseur ridicule, laissant traverser mes sécrétions olivâtre tirant vers l'ocre pâle ces derniers jours, avec une facilité exaspérante. Le triple épaisseur est en fait, la superposition de 3 microns de papier, que la lumière du jour traverse avec une intensité égale à celle qui pénètre une vitre salie par deux mois de smog. Seul l'essuie-tout accueille avec dignité, la matière nasale gluante qui obstrue mes sinus douloureux. Je salue aussi mes deux compagnons d'infortune: le paracétamol et le "Vicks".

Ponce Pilate contre-attaque!


Le Régime d'Assurance Maladie du Québec reste à ce jour encore une grande énigme pour moi. Cet organisme public ne couvre pas les soins dentaires, ni les médicaments. Son coût n'est connu qu'au moment du calcul du retour d'impôt et il existe des histoires de franchise selon la date d'achat des médicaments et des catégories d'âge. Cette zone trouble risque, à la vue de la complexité de son fonctionnement et de mon éternelle aversion pour tout ce qui touche à la paperasse, de demeurer de la matière grisâtre pour mon esprit: le mieux reste d'éviter le microbe. 
Cette sage décision, je ne suis évidemment pas le premier à y penser et les pays occidentaux ont bien plus peur du microbe que du communiste; même si le communisme est pour certains une maladie. L'obsession du microbe et de la maladie s'affiche partout sur les publicités et dans les édifices gouvernementaux, ameutant des troupeaux d'hypocondriaques, la peur au ventre, dans les supermarchés de la vitamine. Pendant ce temps, le microbe, lui s'adapte et devient de plus en plus résistant; alors on ajoute des distributeurs de gel désinfectant un peu partout dans tous les lieux de passage et on vend de plus en plus de lingettes et autres produits antibactériens. Sous prétexte de combat contre la méchante bactérie de l'Est, on crée le besoin, on respecte le sacerdoce de l'offre et de la demande.
Du coup, ce soir je sens que la gorge me pique, laissant supposer l'apparition d'une attaque microbienne. C'est vraiment un pays de dingue, voilà que les microbes s'en prennent aux communistes!

Souriez, vous êtes cuit

Je me plaint souvent et avec raison de la qualité de la nourriture de mon nouveau pays. L'Amérique du nord n'est pas reconnue pour son côté gastronome et fin gourmet, je connaissais le sacrifice et en tant que grand fan de pâtisserie, je me préparais au pire. Le constat est clair, ce pays n'est pas un pays à dessert. Les rares fois où l'apparence d'un gâteau agite mes glandes salivaires, le désastre gustatif qui suit, réduit mes espérances à une peau de chagrin. La même déception qu'un enfant de 8 ans, le jour de noël, qui déballe son cadeau et y découvre une paire de chaussette tricotée main par mamie.
L'unique salut qu'offre l'Amérique en matière de dessert, c'est "The Chesse Cake". Cette invention new-yorkaise se doit de figurée sur ce blog et je lui décerne la 51e étoiles, du drapeau états-unien. Recette

le travail rend ivre

Ce magnifique poste de police n'en est plus un et pourtant, on imagine aisément ce que pouvait être la vie d'un gardien de la paix, enveloppé dans son uniforme, assis devant son bureau, contemplant avec détresse, la pile de boîtes Dunkin Donut désespérément absentes de beignets visqueux et sans saveur. Ce spectacle d'un autre temps est révolu. Désormais, seuls les livres ont leur place en ces lieux où la culture domine du sous sol au grenier, laissant à la porte les soldats de la dépression et leur ordre tragique. C'est ici que ma sueur coule, que mon âme plonge pour le maintien d'une lueur de savoir au cœur des ténèbres capitalistes.